jeudi 9 juillet 2015

Oskar Gröning. -2-



Oskar Gröning. Article précédent: https://nuagesneuf.blogspot.com/b/post-preview?token=hXRtb04BAAA.B0VqZKTLOwY8irfI4wmphg.-1KiX4wThSnZLcWeBgrjPA&postId=5491610636389917855&type=POST


Trois ans et demi de prison ont été requis mardi en Allemagne contre Oskar Gröning, l'ancien comptable d'Auschwitz âgé de 94 ans, dont la « contribution mineure » à la Shoah a été mise en balance avec l'ampleur « inimaginable » de l'extermination. « Nous sommes confrontés ici à un événement qui se situe aux limites de l'imagination humaine », a insisté le procureur Jens Lehmann, résumant une audience qui a plongé le tribunal de Lunebourg (Nord) dans l'enfer concentrationnaire, 71 ans après.




Désireux de s'expliquer malgré une santé chancelante, Oskar Gröning comparaît depuis la fin avril pour « complicité » dans le massacre de 300 000 Juifs hongrois et pourrait être le dernier ancien nazi à répondre des crimes du IIIe Reich. Le procureur est resté dans le bas de la fourchette de 3 à 15 ans de prison encourus par Gröning pour son rôle supposé, au printemps 1944, dans l'envoi dans les chambres à gaz d'au moins 300 000 Juifs hongrois dès leur arrivée à Auschwitz.
« Le nombre presque inimaginable de victimes pèse en défaveur de l'accusé », a lancé Jens Lehmann, mais sa « contribution mineure » à ces meurtres de masse doit « entrer en ligne de compte » dans le choix de la sentence. Le magistrat, dont les réquisitions seront suivies des plaidoiries des parties civiles puis de la défense avant un verdict attendu courant juillet, a également souligné la volonté constante de Gröning de témoigner.

Parler dans les écoles ?

Le procès soulève depuis le départ une double difficulté : déterminer la culpabilité de l'accusé, alors que les anciens SS cantonnés à des tâches administratives ont longtemps échappé à toute poursuite, et fixer une peine adaptée. Ce dernier point divise la cinquantaine de parties civiles - survivants et proches des victimes d'Auschwitz -, en raison du grand âge de l'accusé comme de son rôle périphérique dans le fonctionnement du camp. Avant l'ouverture de l'audience, certains étaient favorables à une peine de travaux d'intérêt général consistant à témoigner dans les écoles - ce que la loi allemande ne permet pas pour de tels crimes -, tandis que d'autres prônaient la peine maximale.
Engagé dans les Waffen SS en 1941, transféré à Auschwitz en 1942, Gröning jure n'avoir « jamais donné une gifle » à quiconque. L'accusation ne lui reproche d'ailleurs aucune violence, mais le dépeint en « rouage » de l'extermination. On l'accuse d'avoir trié les devises des déportés pour les envoyer à Berlin et d'avoir assisté par trois fois à la « sélection » séparant, à l'entrée du camp, les déportés jugés aptes au travail de ceux qui étaient immédiatement tués.
En « gardant les bagages » du précédent convoi pour les soustraire aux yeux des nouveaux arrivants, le jeune sergent aurait évité un mouvement de panique et sciemment favorisé une mise à mort sans heurts, affirme le parquet.

« Faute morale »

Oskar Gröning, qui avait spontanément raconté son passé nazi dans de longues interviews bien avant d'être rattrapé par la justice, avait assumé dès le premier jour de son procès une « faute morale » et demandé pardon. Il n'a en revanche cessé d'affirmer que son rôle se limitait à « prévenir les vols » et a insisté sur ses trois demandes infructueuses de transfert au front, avant qu'il ne parvienne finalement à quitter le camp à l'automne 1944.
Son procès illustre la sévérité accrue de la justice allemande à l'égard des derniers nazis encore vivants, depuis la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, ancien gardien de Sobibor, à cinq ans de prison. Ces procès tardifs contrastent avec le peu de condamnations, à des peines souvent faibles, prononcées pendant des décennies.
Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de Juifs européens, ont péri entre 1940 et 1945 à Auschwitz-Birkenau. Le 27 janvier, les dirigeants du monde entier ont marqué avec quelque 300 derniers survivants le 70e anniversaire de la libération de ce camp par l'Armée soviétique.


source : Le point.fr du 7/7/15



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