vendredi 13 novembre 2015

Charles Péguy, Henry Scott-Holland ou Saint Augustin ? Ne pleurez pas.




Cette prière est fréquemment lue lors d’obsèques. On l’attribue à Charles Péguy, d'après un texte de Saint Augustin (354-430). Mais elle a en fait pour origine un sermon sur la mort, prononcé par le chanoine irlandais Henry Scott-Holland (1847-1918) à St Paul's Cathedral en 1910, pendant l'exposition du corps du Roi Edouard VII à Westminster.
L'extrait Death is nothing at all, qui a donné lieu au texte français (une traduction de Charles Péguy ?) est intitulé en français Ne pleurez pas. A peu de variantes près, c'est le même texte que l'on retrouve, et c'est de fait une traduction du texte anglais. Ci-dessous le poème en anglais puis la traduction française.


Death is Nothing at All

Death is nothing at all.
I have only slipped away to the next room.
I am I and you are you.
Whatever we were to each other,
That, we still are.

Call me by my old familiar name.
Speak to me in the easy way
which you always used.
Put no difference into your tone.
Wear no forced air of solemnity or sorrow.

Laugh as we always laughed
at the little jokes we enjoyed together.
Play, smile, think of me. Pray for me.
Let my name be ever the household word
that it always was.
Let it be spoken without effect.
Without the trace of a shadow on it.

Life means all that it ever meant.
It is the same that it ever was.
There is absolute unbroken continuity.
Why should I be out of mind
because I am out of sight?

I am but waiting for you.
For an interval.
Somewhere. Very near.
Just around the corner.

All is well.




Ne pleurez pas

La mort n’est rien, je suis simplement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi, vous êtes vous.
Ce que nous étions les uns pour les autres,
Nous le sommes toujours.
Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné,
Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait,
N’employez pas un ton solennel ou triste,
Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble,
Priez, souriez, pensez à moi,
Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été,
Sans emphase d’aucune sorte, sans trace d’ombre,
La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié,
Elle est ce qu’elle a toujours été.
Le fil n’est pas coupé,
Simplement parce que je suis hors de votre vue.
Je vous attends. Je ne suis pas loin.
Juste de l’autre côté du chemin.
Vous voyez : tout est bien.



Illustration : Ophélie, en anglais Ophelia, est un tableau du peintre britannique John Everett Millais réalisé en 1851-1852. Cette huile sur toile représente Ophélie, personnage de William Shakespeare dans Hamlet.


2 commentaires:

  1. J'adore ce texte, je ne m'en lasse pas et, plus important encore, il fallait que quelqu'un l'écrive. C'est sans doute le texte le plus difficile à dire durant des obsèques, mais c'est aussi le plus réconfortant. On n'imagine pas forcément la portée que peuvent avoir ces mots, sauf à les dire et à les vivre intimement, directement, car ils ont un pouvoir régénérant. Je crois sincèrement que nul ne peut les prononcer, sans ressentir, de manière effective, la présence invisible qui se tient de l'autre côté.

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  2. J'en oublie de dire l'essentiel : que d'amour dans ce texte !

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