mardi 26 janvier 2016

VERLAINE. Une grande dame





Une grande dame



Belle "à damner les saints", à troubler sous l'aumusse
Un vieux juge ! Elle marche impérialement.
Elle parle - et ses dents font un miroitement -
Italien, avec un léger accent russe.

Ses yeux froids où l'émail sertit le bleu de Prusse
Ont l'éclat insolent et dur du diamant.
Pour la splendeur du sein, pour le rayonnement
De la peau, nulle reine ou courtisane, fût-ce

Cléopâtre la lynce ou la chatte Ninon,
N'égale sa beauté praticienne, non !
Vois, ô bon Buridan : "C'est une grande dame !"

Il faut - pas de milieu ! - l'adorer à genoux,
Plat, n'ayant d'astre aux cieux que ses lourds cheveux roux,
Ou bien lui cravacher la face, à cette femme !


Paul VERLAINE 
Poèmes saturniens - 4eme poème in Caprices  - 1866 -


Leonor Fini
Carrefour d'Hécate d'après une lithographie de 1985




Leonor Fini, 
une grande dame 
de la peinture contemporaine
Leonor Fini naît à Buenos Aires le 30 août 1908 d'une mère italienne et d'un père argentin. Elle décèdera à Paris le 18 janvier 1996
Elle passe son adolescence à Trieste dont elle fréquente les grandes figures littéraires et artistiques. Elle s'y forge très tôt un style minutieux et onirique qui la rapproche des surréalistes, mais auxquels elle refuse toujours de s'assimiler, cultivant une excentricité résolue.

Leonor FINI. Autoportrait dit au scorpion
Arrivée à Paris en 1937, Leonor Fini est l'amie d'Éluard et de Mandiargues, puis d'Audiberti et de Genet, auteurs dont elle illustre de nombreux textes. Cosmopolite et éclectique, elle est elle- même auteur de plusieurs textes, publiés dans les années 70, et une prolifique décoratrice de théâtre et de ballets. 

En 1938, elle expo­se pour la première fois chez Julian Lévy à New York, puis à Paris. En 1942, elle expose à Zurich et, pendant la guerre, se fixe à Monte-Carlo où elle réalise une série de dessins dont les principaux sont Mandiargues (1935), Genêt (1948), Audiberti (1950) et Suzanne Flon (1955). Entre 1944 et 1945, elle illustre Juliette de Sade et, dès 1947, réalise de nombreux décors de ballets et de théâtre. En 1950 elle publie Portraits de famille, une série d'eaux-fortes et en 1955 illustre les Contes fantastiques de Poe. 

*   *   *



Jean Auguste Dominique Ingres. La Grande Odalisque, 1814
 Une autre grande dameLa Grande Odalisque est un tableau de Jean-Auguste-Dominique Ingres peint en 1814 sur une commande de Caroline Murat, sœur de Napoléon Ier et reine consort de Naples. La commande resta impayée pour cause de chute de l'Empire!

2 commentaires:

  1. Perso, je ne me lasse pas de la chute de reins de la Dame d'Ingres... Opulente. Mais point trop.

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