jeudi 10 mars 2016

VIAN. Conte de fées à l’usage des moyennes personnes . Extrait

     5/20 mars 2016
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L'excipit :

« Il était une fois un prince beau comme le jour. Il vivait entre son chien et son cheval, à l’orée d’un bois, dans un château aux murs gris et au toit mauve…»


C’est pour sa femme Michelle, convalescente, que Boris Vian rédigea en 1943 ce conte de fées où abondent les sorcières, les cavernes, les îles fantastiques, comme dans les romans de chevalerie médiévaux. Mais n’attendons pas, bien sûr, du futur romancier de L’Écume des jours qu’il prenne au sérieux les mille et une péripéties qui jaillissent sous sa plume. Dans cette œuvre de jeunesse - il est âgé de 20 ans-, son jeu consiste à piéger le récit à coups de calembours, de clins d’œil, de dérision et de burlesque. Il y excelle, et nous amuse autant qu’il s’amuse.
Quelques extraits :

« Le lendemain dès l’aube [1], sellant son noir palefroi (je ne crains pas le froid non plus) et l’enfourchant ensuite, il fuit ce lieu autrefois aimé (tout passe tout casse, seul le plexiglas tient le coup) maintenant détesté à cause du manque de sucre. »


« Ensuite la pluie ne tomba plus, mais la fatigue le prit et il fut bien heureux et bien aise de rencontrer un limaçon (de cloche)(merle)(un l’enchanteur). » 


« Le maravédis est une monnaie commode pour les choses qui valent vingt-six francs parce que un maravédis vaut un franc : ainsi c’est très simple, il suffit d’en prendre vingt-six. »


« La grève était de sable fin et les huîtres galopaient à perte de vue. Elles cherchaient des perles! En effet personne ne se demande jamais où les huîtres prennent leurs perles : c'était l'explication. Les perles avaient beau se cacher, les huîtres étaient entrainées et couraient plus vite qu'elles. »

« Dans une plaine, à mille lieues de là, ils virent un homme qui tirait des alouettes. On ne les voyait pas, il tirait et à chaque coup une alouette tombait à ses pieds.
- Comment fait-il? dit le palefroi qui commençait à se reprendre.
- Sais pas! fit Joseph.
- On lui demande? dit Barthélémy. Et il demanda.

- Gourde! répondit l'homme. Je mets les alouettes dans le fusil! . »





Boris VIANin Conte de fées à l’usage des moyennes personnes


[1] ...On attendait presque de Vian qu'il écrivît plutôt que: "Le lendemain dès l’aube", le lent demain dès l'aube à l'heure où blanchit la campagne..." 





5 commentaires:

  1. Bof !
    Et même un peu beauf.

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  2. Cher nuage,
    J'ai longtemps cru que le maravédis était l'âme au nez unique (genre d'esprit à l'intuition exceptionnelle). Enfin, je crois que je l'avais entendu dire, "l'âme au nez unique", à propos de quelque chose qui reste un peu flou pour moi.
    Mais je crois en fait, qu'on dit "le mara vaut dix", et non le maravédis, ce qui rend tout plus compliqué pour les choses qui valent 26 francs.
    Amicalement

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  3. Cher nuage,
    J'ai longtemps cru que le maravédis était l'âme au nez unique (genre d'esprit à l'intuition exceptionnelle). Enfin, je crois que je l'avais entendu dire, "l'âme au nez unique", à propos de quelque chose qui reste un peu flou pour moi.
    Mais je crois en fait, qu'on dit "le mara vaut dix", et non le maravédis, ce qui rend tout plus compliqué pour les choses qui valent 26 francs.
    Amicalement

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  4. Ah désolée petite erreur de manip'

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    Réponses
    1. L'académie dit, dès midi:

      MARAVÉDIS, subst. masc.
      Ancienne monnaie de billon espagnole de faible valeur. J'ai mis cinquante mille maravédis dans l'affaire (Claudel,Chr. Colomb, 1929, 1repart., p. 1160).
      − P. ext. Monnaie de peu de valeur. Cela ne vaut pas un maravédis. Je n'en donnerais pas un maravédis (Ac. 1935). Pour son opinion sur l'homme et sur la femme, c'était celle d'Hamlet, − il n'aurait pas donné quatre maravédis des deux (Gautier,Albertus, 1833, p. 157).Les Algériens dédaignaient tous ces besoins compliqués que les gens d'Europe poussaient si loin, et ils cédaient pour un maravédis ce qui avait coûté un écu (La Varende,Tourville, 1943, p. 101).
      ♦ Loc. fam. Ne pas avoir/ne pas posséder un maravédis; être sans un maravédis. N'avoir pas le sou, être sans le sou. On ouvre le testament: M. de Crac ne possédait pas un maravédis (L. Schneider,Maîtres opérette fr., Ch. Lecoq, 1924, p. 156).Comme j'étais maintenant sans un maravédis en fouille, j'avais calculé voir un peu si c'était rentable de m'engager dans cette armée clandestine des passeurs de picton (A. Boudard,L'Hôpital, Paris, Gallimard, 1973 [1963], p. 197).
      Prononc. et Orth.: [maʀavedi(s)]. Ac. 1762 maravedis, dep. 1798 -vé-. Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 150 et Hugo, Chans. rues et bois, 1865, p. 172: -di. V. aussi Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971: un maravédis, des maravédis. Étymol. et Hist. 1remoitié xves. marvesins (Le vrai manuscrit du Canarien, éd. P. Margry, p. 146 ds Mél. Dauzat (A.), p. 28); 1506 malevedis (Jean Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 2, p. 578); 1515 maravedis (Négociations entre la France et l'Autriche [éd. Le Glay], t. II, p. 1 ds Fonds Barbier); 1617 expr. (J. Mocquet, Voyages..., p. 429 ds Reinh., p. 132: Ie n'auois pas vn marauedis). Empr. à l'esp. maraved (1203 ds Cor., s.v. morabito; var. morabetins, 1127, ibid.), lui-même empr. à l'ar. muraībiṭī «qui concerne les Almoravides», dér. de murābiṭūn «Almoravides», dynastie qui domina le Maroc et l'Espagne de ca 1040 à 1147, et sous laquelle fut frappée cette monnaie. Fréq. abs. littér.: 13. Bbg. Kidman (J.). Les Empr. lexicol. du fr. à l'esp. des orig. jusqu'à la fin du 1 es. [Paris, 1969], pp. 168-171.


      Sinon, c'est en effet Charlotte Corday qui disait que "le marat vaut dix", surtout quand il ramenait sa fraise des bois, appelée depuis la"marat des bois" vaut dix fraises ordinaires.

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