vendredi 17 juin 2016

Victor Hugo. Elle était déchaussée, elle était décoiffée





…Un des rares poèmes de Victor HUGO dans Les Contemplations où le deuil et la douleur ne sont pas exprimés.





Elle était déchaussée, elle était décoiffée...




Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.



Victor HUGO
in Les Contemplations
 juin 1856

 

"...La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers."


2 commentaires:

  1. Entre toutes, sans doute l'image qui convenait, pour toutes celles "effarées et sauvages"...

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  2. Merci d'y avoir porté attention : cette photo frémissante de Marilyn illustre parfaitement chacun des mots de Hugo, même le sublime "riant au travers".

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