vendredi 30 septembre 2016

Maurice CAREME. Ponctuation







Ponctuation


- Ce n'est pas pour me vanter,
Disait la virgule,
Mais, sans mon jeu de pendule,
Les mots, tels des somnambules,
Ne feraient que se heurter.


- C'est possible, dit le point.
Mais je règne, moi,
Et les grandes majuscules
Se moquent toutes de toi
Et de ta queue minuscule.


- Ne soyez pas ridicules,
Dit le point-virgule,
On vous voit moins que la trace
De fourmis sur une glace.
Cessez vos conciliabules.

Ou, tous deux, je vous remplace !


Maurice CAREME 

Maurice Carême, instituteur belge (1899-1978) est présent dans chaque cahier de poésie des élèves de France, de Navarre et d'ailleurs, bien entendu...




***


... De l'importance de la ponctuation, suite














Pas de chance pour le gouvernement socialiste et les plaques commémoratives des attentats de 2015 en France. Après l'i final de Wolinski devenu un i grec sur celle apposée sur la façade du 10, rue Nicolas-Appert (Paris 11e), lieu des anciens locaux de Charlie, voici la ponctuation manquante sur celle inaugurée le 10 janvier et placée au sol place de la République (Paris 10e).

On remarquera à raison l'ambiguïté de la phrase qui clôt le texte : Ici même le peuple de France leur rend hommage. Il fallait évidemment comprendre: “Ici même, le peuple français leur rend hommage.” Et non que ce brave peuple – même lui ! – consentait un hommage aux victimes.

Mais peut-être la respiration silencieuse lors de la lecture (silencieuse aussi) de cette phrase privée de sa  “larme du compositeur”* assure-t-elle, chez les passants, la restitution du sens voulu par les auteurs du texte. Toute la question est de savoir où inspire chacun(e). C'est là que les signes de ponctuation apportent leur aide, une élégante assistance inspiratoire à la lecture.


* « Du temps de l'imprimerie au plomb, la virgule reçut le surnom très beau et poétique de “larme du compositeur”. Pas seulement par analogie avec sa forme lacrymale, mais parce qu'elle causait bien des tracas : il fallait du doigté pour la saisir, la placer sur la ligne, et sa manipulation ralentissait le travail. » (in L'Art de la ponctuation, d'Olivier Houdart et Sylvie Prioul, Seuil, 2006)



lundi 12 septembre 2016

Cyrano (à propos de..)



Voici les aventures tumultueuses de Cyrano, en bande dessinée,
racontées très librement (et même de façon un peu cavalière*) par Taï-Marc le Thanh, d'après Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand.




Cyrano avait un gros nez.
Cyrano était amoureux
de sa cousine Roxanne.
Mais il n'osait le lui dire (à cause de son gros nez).

Heureusement, Cyrano était poète.


(*Une façon cavalière est une façon de cheval

Une façon un peu cavalière est une façon un peu de cheval.)

Texte de la quatrième de couverture



et voici quelques illustrations de Rebecca Dautremer








© Rebecca Dautremer


dimanche 11 septembre 2016

Art SPIEGELMAN. 11 septembre 2001



ART SPIEGELMAN est un célèbre cartoonist new-yorkais. Il est l'auteur de MAUS, bande dessinée magistrale traduite dans le monde entier et titulaire pour cette œuvre du seul prix Pulitzer attribué à une bande dessinée. 
Il est l'auteur des cartoons ci-dessous:


ART SPIEGELMAN
Couverture du NEW-YORKER du 24 sept. 2001




ART SPIEGELMAN
Couverture du NEW-YORKER du 12 sept. 2011

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15 ans plus tard...



©Photo: Ben Sturner / Twitter: @leverageagency

jeudi 1 septembre 2016

Gamarra. Mon cartable









Mon cartable



Mon cartable a mille odeurs,
Mon cartable sent la pomme,
Le livre, l'encre et la gomme
Et les crayons de couleurs.

Mon cartable sent l'orange,
Le bison et le nougat,
Il sent tout ce que l'on mange
Et ce qu'on ne mange pas.

La figue, la mandarine,
Le papier d'argent ou d'or,
Et la coquille marine,
Les bateaux sortant du port.

Les cow-boys et les noisettes,
La craie et le caramel,
Les confettis de la fête,
Les billes remplies de ciel.

Les longs cheveux de ma mère
Et les joues de mon papa,
Les matins dans la lumière,
La rose et le chocolat.



Pierre Gamarra






photo ©Heps Veyrune.


Pierre Gamarra est un écrivain français né à Toulouse le 10 juillet 1919 et décédé à Argenteuil  le 20 mai 2009. D'abord enseignant, puis journaliste, il est romancier, poète et critique. Il est également l'auteur d'essais et de pièces de théâtre. Son œuvre pour la jeunesse (récits, théâtre et poèmes) est fréquemment enseignée dans les écoles.
Pierre Gamarra est salué comme un des plus intéressants auteurs français pour la jeunesse, que ce soit en prose ou en poésie. Ses fables et ses poèmes sont particulièrement connus de bien des écoliers. En effet, les enseignants et les manuels de littérature et de français puisent souvent dans son œuvre poétique, trouvant notamment chez lui des assonances mnémotechniques aux airs de comptines :

Quoi, quoi, quoi ? c'est moi l'oie
Et je voudrais que l'on me croie.

Cette partie de son travail correspond à un souci pédagogique constant : celui de donner aux écoliers le plaisir du texte et des mots.