dimanche 13 novembre 2016

Charles Baudelaire. Vivre aux pieds d’une géante





Vivre aux pieds d’une géante
Du temps que la Nature en sa verve puissante
Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante,
Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux.
J’eusse aimé voir son corps fleurir avec son âme
Et grandir librement de ses terribles jeux ;
Deviner si son coeur couve une sombre flamme
Aux humides brouillards qui nagent dans ses yeux ;
Parcourir à loisir ses magnifiques formes ;
Ramper sur le versant de ses genoux énormes,
Et parfois en été, quand les soleils malsains,
Lasse, la font s’étendre à travers la campagne,
Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins,
Comme un hameau paisible au pied d’une montagne.                


Charles BAUDELAIRE
in Les Fleurs du Mal 
1857   



...Parcourir à loisir ses magnifiques formes...






...Dormir nonchalamment à l’ombre de ses seins...




1 commentaire:

  1. Si je devais demander à 3 peintres de s'associer pour illustrer ce sonnet de Baudelaire, je convoquerais le Douanier Rousseau, Jérôme Bosch et Botero. C'est à la fois tendre et naïf, cosmique et comique, beau et tératologique. J'aurais pu ajouter Magritte, à cause du titre mais comme c'est seulement pour le titre, c'est un peu léger (comme dirait Fernand ! ;-))

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