vendredi 2 décembre 2016

Hollande. En vérité, il n'a jamais été président










Il aurait pu, pour son dernier message politique, prendre un peu de hauteur. Adresser aux Français une exhortation solennelle. Laisser à la gauche un testament spirituel. Fouetter les énergies, transmettre le flambeau. Au lieu de cela, qu'avons-nous vu? La navrante tentative d'autojustification, prononcée d'une voix blanche, d'un homme comme absent de lui-même. Triste épilogue d'un quinquennat nul et non avenu: poussé vers la sortie par ses proches, et plus encore par l'évidence d'un désastre, personnel et politique, qui n'a aucun précédent sous la Ve République, François Hollande n'a pas même cherché à sauver les apparences. Une fois encore, il ne décide rien: il s'incline. Il quitte la scène comme il l'a occupée: la cravate de travers, flottant dans des habits trop grands.
De son calamiteux mandat, que retiendront les Français? Quelques images qui ont consommé un abaissement sans équivalent de la fonction présidentielle: les insolences télévisées de Leonarda, la photo volée d'un scooter au petit matin, et ce livre, accablant concentré de cynisme et d'autosatisfaction, reflet d'un Narcisse au miroir des journalistes.
Quelques symboles aussi, encadrés dans le temps par les mines solennelles de Jean-Marc Ayrault et les coups de menton et aboiements de Manuel Valls: la ridicule «boîte à outils» pour défaire à la fin ce qui avait été (mal) fait au début ; le risible «Ça va mieux», seriné contre toute évidence ; la fameuse «courbe» du chômage qui «s'inverse» toujours sans jamais baisser. La colère des «bonnets rouges» et les consciences violentées de la Manif pour tous. Les criailleries des «frondeurs» et l'insubordination des ministres. La pantalonnade de la déchéance de nationalité et le psychodrame de la loi El Khomri. Les attentats terroristes, bien sûr, dont il serait injuste de le rendre responsable mais qui ne l'ont tiré que fort tard, et bien imparfaitement, d'une coupable cécité face au péril islamiste.
Pour le reste, rien ; ou si peu. La France affaiblie en Europe et dans le monde. Le chômage, toujours. Les déficits et la dette qui caracolent gaiement. En politique, la gauche en mille miettes et le Front national premier parti de France. Il avait dit: «Moi président»…
Par quel ahurissant mystère un homme qu'on disait intelligent, subtil - et qui l'est assurément - a-t-il pu à ce point s'abîmer dans le ridicule et l'incurie d'une présidence sans grandeur ni vision? Les historiens essaieront peut-être de trancher le point, qui relève plus sûrement des psychologues. La France, elle, a déjà tourné la page. Elle sait bien qu'hier soir François Hollande n'a pas renoncé à briguer un second mandat. En vérité, il n'a jamais été président.

Pcc/ Alexis Brézet

3 commentaires:

  1. Mouais. En même temps, en écoutant Fillon, j'finirais par faire la même supposition que le père Marx : et si l'Etat, au fond, n'était qu'une production seconde ? A savoir une superstructure au service d'une classe dominante dont elle ne serait que l'idéal fantasmé ? Car au fond, qu'est-ce qui légitime l'Etat, à par le Droit ? Rien ! Sans Etat, pas besoin de contrat social, ni de législateur. Aux chiottes Rousseau !

    Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il faut bien avouer que le Droit n'a jamais été qu'un outil au service des nantis. La preuve : nous possédons une Constitution mythique, celle de 93, la plus sociale des Constits. A t'elle jamais été mise en oeuvre ? Non ! Pourtant, la Constitution est au sommet de la hiérarchie des normes et la Loi son obligée ? Pas vrai ? Alors pourquoi la Loi a t'elle préféré se mettre au service de celle de 95 ? Parce que la République n'en a jamais eu rien à foutre des précaires, des citoyens de 2nde zone, des ouvriers, des "petits, des obscurs", du "lumpen prolétariat" comme dirait l'autre ! Au point qu'il a fallu attendre 1848 pour abolir le Cens. Il a donc fallu attendre une nouvelle révolution ! C'est donc qu'il nous en faut une autre ...

    Et si les marxistes avaient raison ? Si, au fond, la seule véritable héritière de la gauche était la gauche révolutionnaire, celle dont l'ultime aboutissement serait la suppression de l'Etat ? A quoi nous sert, à nous français lambda, un Etat frileux retranché derrière ses compétences régaliennes ? Un Etat qui ne veut plus rien foutre pour nous ? Un Etat qui n'assure plus désormais que le minimum syndical, et encore ... A savoir l'armée, la police, la justice, la finance. C'est-à-dire tout ce qui lui sert à maintenir son pouvoir de contrainte.

    Quand j'pense que les fillonistes se font appeler "Les républicains". La "res" j'veux bien, mais en quoi le public doit-il se sentir concerné ? Hollande se moquait peut-être des "sans dents", mais au moins leur permettait-il de se faire appareiller ... Qu'en sera t'il avec la réforme de la sécu de Fillon ?

    En tous cas, y a deux mecs qui nous manquent bien : Victor Hugo et Nikos Poulantzas ! Sans eux, "c'est la nuit, la nuit noire, assoupie et profonde".

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  2. N'y a-t-il pas un rapport entre Hollande ( sortie tout en bas) et Rosberg (sorite concomitante) par le faîte ? Entre l'échec d'un côté et le comble de la réussite ?

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  3. Enfin, quand je dis "aux chiottes Rousseau", je parle de notre relation contractuelle à l'Etat de droit. Il va de soi que j'adore Rousseau. Je lui dois un été merveilleux, plongée dans Les Confessions. Et puis, je le tiens pour plus grand philosophe que Voltaire. J'irais même jusqu'à dire que je le tiens pour un vrai philosophe alors que je ne vois en Voltaire qu'un excellent chroniqueur.

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