jeudi 22 décembre 2016

Hugo. Demain, dès l'aube







Illustration : le manuscrit d'Hugo.





Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

 Victor HUGO



Note : composé de trois quatrains d’alexandrins en rimes croisées, ce court poème   n’a pas de titre, si bien qu’on le désigne traditionnellement par son incipit, c’est-à-dire les premiers mots qui le composent : Demain, dès l’aube .Il constitue le poème XIV de Pauca meae (quelques vers pour ma fille), livre quatrième des Contemplations dont il ouvre la deuxième partie intitulée  Aujourd’hui 1843-1855.



3 commentaires:

  1. Inouïe pureté de la langue, et le génie du dramaturge Hugo qui nous poignarde au troisième acte/quatrain.

    Je n'ai jamais lu, à voix haute, ce poème, sans finir terrassé par l'émotion.
    J.

    RépondreSupprimer
  2. Vous n'en faites pas des caisses là ?

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.