vendredi 13 janvier 2017

CELAN - Parler d'autre chose



Paul CELAN



Parler d’autre chose




marée basse. Nous avons vu
les balanes, vu
les bernicles, vu
les ongles sur nos mains.
Personne n’a découpé le mot dans la paroi de notre cœur.

(Traces du crabe des plages, le lendemain,
sillons de rampants, galeries d’habitation, dessin
du vent dans la vase
grise. Sable fin,
sable gros,
détaché des parois, auprès
d’autres parties dures, dans les
débris.)

Un œil, aujourd’hui,
l’a donné à son frère, tous deux,
fermés, ont suivi le courant jusqu’à
leur ombre, déchargé
la cargaison (personne
n’a découpé le mot dans — —), fait ressortir
le harpon — une langue de terre, devant
un silence
minuscule et non navigable.

Paul Celan             
Grille de parole
Traduction de Martine Broda, 2001




Anselm KIEFER
Burning rods, 1984/1987


“J'ai toujours eu une passion pour la littérature et surtout pour la poésie. J'aime Rimbaud, Mallarmé, Genet... Pour moi, les poèmes sont comme des bouées posées dans l'abîme ; je nage de l'un à l'autre. Sans eux, je suis perdu. Je lis d'ailleurs tous les matins, c'est ma première activité. Je descends dans ma bibliothèque et je prends un livre, presque à l'aveuglette. J'aurais pu aussi devenir écrivain. A 17 ans, j'avais reçu un prix pour un journal que j'avais rédigé. J'ai hésité à suivre cette voie. Cela ne s'est pas réalisé, car on ne peut pas faire profondément deux choses en même temps dans la vie, mais j'ai continué d'écrire mon journal. Quand je suis bloqué sur une oeuvre, l'écriture m'inspire.” 
A.KIEFER









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