samedi 25 février 2017

France. Remaniement ministériel, c'était il y a un an. In memoriam


Février 2016  -   Rappel de souvenirs heureux...







Le président français (encore relativement svelte, non? ) a lui-même annoncé à la télévision - contre tous les usages - le remaniement de son gouvernement. En voici une photo exclusive.


Premier à "gauche" du président, monsieur Placé ou plutôt monsieur enfin Placé, rendu célèbre par son honnêteté légendaire. On trouvera ci-dessous photo de son véhicule à son arrivée à l'Elysée.

Au milieu, monsieur Jean-Michel Baylet. Jeune perdreau de l'année, celui-ci devrait booster l'action du gouvernement par son dynamisme et surtout par sa jeunesse. Il est le fils d'Evelyne Isaac, juive d'Afrique du nord comme son nom ne l'indique pas. Encore un juif au gouvernement. Il ne fut que trois fois ministre sous ... Mitterrand, auteur du glorieux "il faut se méfier du lobby juif"

Pour les autres, chacun aura reconnu - second à gauche du président - monsieur Macron, reconduit dans ses dysfonctions; 4è. à gauche madame Royal et à sa gauche Herr Professor Ayraut, tous deux réconduits éconduits dans leurs dysfonctions fonctions.




Le pare-brise du véhicule de J.F.Placé, à son arrivée hier à l'Elysée.




Quelques "Unes" de la presse française unanimement enthousiaste.




Février 2017  -  

Un an plus tard, et après ses cinq années de présidence, monsieur F.Hollande n'est pas soupçonné d'avoir occupé pendant lesdites cinq années un emploi fictif à l'Elysée. Et le parquet national financier (PNF) a décidé de ne pas ouvrir d'information judiciaire pour des faits éventuels de «emploi fictif pendant cinq ans, détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique».
source : le très objectif ©Canard enchaîné, associé à ©Médiapart.


En revanche, hier soir 25 février en début de soirée, les bourreaux de travail dudit PNF ont joyeusement décidé d' ouvrir une information judiciaire sur la famille de François Fillon pour des faits éventuels de «détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, complicité et recel de ces délits, trafic d'influence et manquements aux obligations de déclaration à la Haute autorité sur la transparence de la vie publique».

absence totale de source: les très objectifs ©Canard enchaîné & ©Médiapart.






dimanche 19 février 2017

Vincensini. Je ne suis pas si fou








Je ne suis pas si fou



Je ne suis pas si fou
 
De demander l’heure à mon chien
 
Mais regardez
 
Regardez donc
 
Où mettrait-il sa montre
 
Il n’a pas de poche
 
Le pauvre à son gilet 



Paul Vincensini


extrait d'une série de poèmes regroupés sous le titre ALPHABETES et NUMERALES
et dédicacée à Sylvie.


vendredi 17 février 2017

MACRON. Crime contre l'humanité, excusez du peu


(on rappelait il y a peu dans ces colonnes ceci...



...et on a beau être poète, on n'en est pas moins consterné)










“  Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir. ”
Pierre DAC

Sur le plan juridique, la première définition du crime contre l'humanité a été donnée en 1945 par l'article 6 de la Charte de Londres qui instituait le Tribunal militaire international, instance qui allait juger les chefs nazis à Nuremberg. Étaient visés «l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile». D'autres textes affineront la définition, comme le statut de Rome créant la Cour pénale internationale, en 1998, sans en changer l'esprit.

Qualifier la colonisation d'acte de barbarie ou de crime contre l'humanité est un non-sens historique, un jugement sommaire, manichéen.




jeudi 16 février 2017

Rosemonde Gérard. L'Eternelle chanson : ...Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain...


Rosemonde Gérard et Edmond Rostand




L'Eternelle chanson


Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, 
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs, 
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille, 
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants. 

Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête, 
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux, 
Et je te sourirai tout en branlant la tête, 
Et nous ferons un couple adorable de vieux. 

Nous nous regarderons, assis sous notre treille, 
Avec de petits yeux attendris et brillants, 
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, 
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.

Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse, 
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer, 
Nous aurons une joie attendrie et très douce, 
La phrase finissant toujours par un baiser. 

Combien de fois jadis j'ai pu dire " Je t'aime " ? 
Alors avec grand soin nous le recompterons. 
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même 
De petits riens exquis dont nous radoterons. 

Un rayon descendra, d'une caresse douce, 
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser, 
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse, 
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.

Et comme chaque jour je t'aime davantage, 
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ? 
Mon amour se fera plus grave - et serein. 

Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent, 
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens. 
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent 
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens. 

C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge, 
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main 
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage, 
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.

Et de ce cher amour qui passe comme un rêve, 
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur, 
Retenir s'il se peut l'impression trop brève 
Pour la ressavourer plus tard avec lenteur. 

J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare, 
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours ; 
Je serai riche alors d'une richesse rare 
J'aurai gardé tout l'or de mes jeunes amours !

Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève, 
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ; 
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve 
J'aurai tout conservé dans le fond de mon coeur.

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille, 
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs, 
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille, 
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants. 

Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête, 
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan, 
Et je te sourirai tout en branlant la tête 
Et tu me parleras d'amour en chevrotant. 

Nous nous regarderons, assis sous notre treille, 
Avec de petits yeux attendris et brillants, 
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille 
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.





Rosemonde Gérard



mercredi 15 février 2017

NORGE. Le mordeur



Norge





Le mordeur 



Longue bougie, éclairez son visage.

Naquit mordeur, enfant de terre ;

Mordit fort au lait de sa mère.

Longue bougie, éclairez son visage.




Mordit à la pomme d’enfance

Lisse de jus et de croyances,

Mordit au chiffre, à la grammaire.

Longue bougie, éclairez son ardoise.



Mordit au sein de ses chéries,

Lavande, oeillet, chardon, framboise.

Mordit le doux, mordit l’amer.

Longue bougie, éclairez ses prairies.



Limailles, clous, feux et labeurs,

Mordit au bois, mordit au fer ;

Pour manger, peines qu’il faut faire.

Longue bougie, éclairez sa sueur.



Mordit au sel, mordit au gel,

Mordit au gel et à la guerre.

Homme de troupe, homme ordinaire.

Longue bougie, éclairez sa gamelle.



Mordit aux draps de maladie.

Dieu, qu’il est tôt, ma fleur de vie ;

Lavande, oeillet, chardon, fougère !

A peine mordue et finie.




NORGE
publié dans “Remuer ciel et terre” aux défuntes éditions Labor






DALI
Enfant géopolitique observant la naissance de l’homme nouveau, 1943

Dali écrivait en 1973 : « L’Histoire ne me concerne pas. Elle me fait aussi peur que les sauterelles ». Il écrit également qu’elle ne l’a jamais intéressé en raison de son caractère anecdotique. Les anecdotes de sa propre vie en revanche acquièrent un caractère historique dans sa mythographie. Et c’est en appliquant le fruit de ses réflexions psychanalytiques au comportement des peuples qu’il propose d’expliquer l’histoire humaine. 
Ici, le monde devient littéralement l’œuf que Dalí décortique pour s’auto-révéler et, se faisant, révéler le monde à lui-même. L’Enfant géopolitique observant la naissance de l’homme nouveau, peint en 1943 aux États-Unis, jouant de ces confusionsentre microcosme et macrocosme, fait sortir l’homme nouveau du continent nord-américain.
Source : Centre Pompidou.

lundi 13 février 2017

Félix ARVERS. Mon âme a son secret






Mon âme a son secret





Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
Un amour éternel en un moment conçu :
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.


Hélas ! j’aurai passé près d’elle inaperçu,
Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander et n’ayant rien reçu.


Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.


À l’austère devoir, pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle
"Quelle est donc cette femme ?" et ne comprendra pas.



Félix ARVERS





Alexis-Félix Arvers a vécu de 1806 à 1850. Ce seul sonnet l’a rendu célèbre. Ce timide personnage se serait consumé pour une femme mariée bien mystérieuse que les critiques désignent en général comme Marie Mennessier, la fille de Charles Nodier dont on peut voir le portrait par Achille Devéria ci-dessous.




Marie Mennessier-Nodier

Portrait de Marie Mennessier-Nodier, inspiratrice du sonnet qui assura la gloire de Félix Arvers. Gravure extraite de l'Illustration de 1931 (volume 1, page 439).
[Bibliothèque des Arts Décoratifs, Paris.]

Photo Jean-Loup Charmet © Archives Larbor







Dans son Journal, Jules RENARD note :

"En littérature, il avait assez de courage pour soutenir que le sonnet d'Arvers n'est pas un chef-d'oeuvre."

Journal, 1887-1892, daté de l'année 1887, (sans autre précision)  





dimanche 12 février 2017

Andrée Chedid. Saisir







Saisir


Recueillir le grain des heures


Eteindre l’étincelle


Ravir un paysage

Absorber l’hiver avec le rire

Dissoudre les nœuds du chagrin

S’imprégner d’un visage

Moissonner à voix basse

Flamber pour un mot tendre

Embrasser la ville et ses reflux

Ecouter l’océan en toutes choses

Entendre les sierras du silence

Transcrire la mémoire des miséricordieux

Relire un poème qui avive

Saisir chaque maillon d’amitié.



Andrée Chedid
In Par-delà les mots




...Embrasser la ville et ses reflux...



Gustave Caillebotte
Jour de pluie à Paris

vendredi 10 février 2017

DESNOS. Il était une feuille




Il était une feuille



Il était une feuille avec ses lignes
Ligne de vie
Ligne de chance
Ligne de coeur
Il était une branche au bout de la feuille
Ligne fourchue signe de vie
Signe de chance
Signe de coeur
Il était un arbre au bout de la branche
Un arbre digne de vie
Digne de chance
Digne de coeur
Coeur gravé, percé, transpercé,
Un arbre que nul jamais ne vit.
Il était des racines au bout de l’arbre
Racines dignes de vie
Vigne de chance
Vignes de coeur
Au bout des racines il était la Terre
La Terre tout court
La Terre toute ronde
La Terre toute ronde au travers du ciel
La Terre.



Robert Desnos





...Au bout des racines il était la Terre
La Terre tout court
La Terre toute ronde
La Terre toute ronde au travers du ciel
La Terre.

René Magritte 
L’Arbre
1959 
– Vienne, musée d’Art moderne


« Véritable poussée de la terre vers le ciel, un arbre est une image et une expression de joie. Pour appréhender cette image, nous devons être immobiles, à l’égal de cet arbre. Lorsque nous bougeons, c’est l’arbre qui devient le spectateur. » 
René Magritte

jeudi 9 février 2017

Pierre DAC. BAGATELLE SUR UN TOMBEAU


Pierre DAC est mort le 9 février 1975.
Honorons sa mémoire pour le 42e anniversaire de sa mort
avec la réponse du tac au tac qu'il tient à Henriot 
le 11 mai 1944 sur la BBC.







« Gloire à ceux qui ont forgé silencieusement mais efficacement le fier levain qui, demain ou après-demain au plus tard, fera germer le grain fécond du ciment victorieux, au sein duquel, enfin, sera ficelée, entre les deux mamelles de l'harmonie universelle, la prestigieuse clef de voûte qui ouvrira à deux battants la porte cochère d'un avenir meilleur sur le péristyle d'un monde nouveau ! »
Pierre DAC









André Isaac, dit Pierre Dac, est né le 15 août 1893 à Châlons-sur-Marne, il est mort le 9 février 1975 à Paris. Il est bien entendu l'auteur de cette fulgurante envolée !






Note :
Comme on sait, Pierre DAC, grand résistant, était une des voix - avec Maurice SCHUMANN etc... - de la France Libre sur Radio-Londres. Philippe HENRIOT était speaker sur Radio-Paris. (Radio-Paris ment / Radio-Paris ment / Radio-Paris est allemand, chanté sur l'air de la Cucaracha !). Voici in extenso les textes échangés par micro interposés.

10 mai 1944: au micro de Radio-Paris, Philippe Henriot, éditorialiste au service de la propagande, donc des Allemands, attaque Pierre Dac en évoquant ses origines juives et en rappelant qu'il s'appelle en réalité André Isaac et qu'il est le fils de Salomon et de Berthe Kahn.
"... Dac s'attendrissant sur la France, c'est d'une si énorme cocasserie qu'on voit bien qu'il ne l'a pas fait exprès. Qu'est-ce qu'Isaac, fils de Salomon, peut bien connaître de la France, à part la scène de l'ABC où il s'employait à abêtir un auditoire qui se pâmait à l'écouter ? La France, qu'est-ce que ça peut bien signifier pour lui ?..."
Le lendemain, oubliant le profond sentiment d'écoeurement qui l'habite, Pierre Dac lui répond au micro...

BAGATELLE SUR UN TOMBEAU


"M. Henriot s'obstine; M. Henriot est buté. M. Henriot ne veut pas parler des Allemands. Je l'en ai pourtant prié de toutes les façons : par la chanson, par le texte, rien à faire. Je ne me suis attiré qu'une réponse pas du tout aimable - ce qui est bien étonnant - et qui, par surcroît, ne satisfait en rien notre curiosité. Pas question des Allemands.
C'est entendu, monsieur Henriot, en vertu de votre théorie raciale et national-socialiste, je ne suis pas français. A défaut de croix gammée et de francisque, j'ai corrompu l'esprit de la France avec L'Os à moelle. Je me suis, par la suite, vendu aux Anglais, aux Américains et aux Soviets. Et pendant que j'y étais, et par-dessus le marché, je me suis également vendu aux Chinois. C'est absolument d'accord. Il n'empêche que tout ça ne résout pas la question: la question des Allemands. Nous savons que vous êtes surchargé de travail et que vous ne pouvez pas vous occuper de tout. Mais, tout de même, je suis persuadé que les Français seraient intéressés au plus haut point, si, à vos moments perdus, vous preniez la peine de traiter les problèmes suivants dont nous vous donnons la nomenclature, histoire de faciliter votre tâche et de vous rafraîchir la mémoire :
1. Le problème de la déportation;
2. Le problème des prisonniers;
3. Le traitement des prisonniers et des déportés;
4. Le statut actuel de l'Alsace-Lorraine et l'incorporation des Alsaciens-Lorrains dans l'armée allemande;
5. Les réquisitions allemandes et la participation des autorités d'occupation dans l'organisation du marché noir;
5. Le fonctionnement de la Gestapo en territoire français et en particulier les méthodes d'interrogatoire
7. Les déclarations du Führer dans Mein Kampf concernant l'anéantissement de la France.
Peut-être me répondrez-vous, monsieur Henriot, que je m'occupe de ce qui ne me regarde pas, et ce disant vous serez logique avec vous-même, puisque dans le laïus que vous m'avez consacré, vous vous écriez notamment : "Mais où nous atteignons les cimes du comique, c'est quand notre Dac prend la défense de la France! La France, qu'est-ce que cela peut bien signifier pour lui ?"
Eh bien ! Monsieur Henriot, sans vouloir engager de vaine polémique, je vais vous le dire ce que cela signifie, pour moi, la France.

Laissez-moi vous rappeler, en passant, que mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et d'autres avant eux sont originaires du pays d'Alsace, dont vous avez peut-être, par hasard, entendu parler ; et en particulier de la charmante petite ville  de NIEDERBRONN, près de Saverne, dans le Bas-Rhin. C'est un beau pays, l'Alsace, monsieur Henriot, où depuis toujours on sait ce que cela signifie, la France, et aussi ce que cela signifie, l'Allemagne. Des campagnes napoléoniennes en passant par celles de Crimée, d'Algérie, de 1870-1871, de 14-18 jusqu'à ce jour, on a dans ma famille, monsieur Henriot, lourdement payé l'impôt de la souffrance, des larmes et du sang.

Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Alors, vous, pourquoi ne pas nous dire ce que cela signifie, pour vous, l'Allemagne ?

Un dernier détail: puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d'aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l'allée et, à la 6e rangée, arrêtez-vous devant la 8e tombe. C'est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C'était mon frère. Sur la simple pierre, sous ses nom, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription: "Mort pour la France, à l'âge de 28 ans". Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France.        
Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription: elle sera ainsi libellée :
PHILIPPE HENRIOT
Mort pour Hitler,
Fusillé par les Français...

Bonne nuit, monsieur Henriot. Et dormez bien.

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Henriot fut abattu quelques jours plus tard, le 28 juin 1944 par la Résistance. Georges Mandel, ancien ministre, paiera de sa vie cette exécution.