lundi 22 mai 2017

ROSTAND. Pyrame et Thisbé







Pyrame et Thisbé (en grec ancien Πύραμος καὶ Θίσϐη / Púramos kaì Thísbê) sont deux amants légendaires de la mythologie grecque et romaine. Leur histoire, issue de la matière orientale, est à l'intersection du mythe et du romanesque.



Mythe
Les noms de Pyrame et Thisbé sont mentionnés pour la première fois par Hygin, qui rapporte simplement leur suicide. Mais c'est Ovide qui, dans ses Métamorphoses, donne le premier leur légende : Pyrame et Thisbé sont deux jeunes Babyloniens qui habitent des maisons contiguës et s'aiment malgré l'interdiction de leurs pères. Ils projettent de se retrouver une nuit en dehors de la ville, sous un mûrier blanc. Thisbé arrive la première, mais la vue d'une lionne à la gueule ensanglantée la fait fuir ; comme son voile lui échappe, il est déchiré par la lionne qui le souille de sang. Lorsqu'il arrive, Pyrame découvre le voile et les empreintes du fauve : croyant que Thisbé en a été victime, il se suicide. Celle-ci, revenant près du mûrier, découvre le corps sans vie de son amant et préfère se donner la mort à sa suite.






« Ô vous, parents trop malheureux ! Vous, mon père, et vous qui fûtes le sien, écoutez ma dernière prière ! Ne refusez pas un même tombeau à ceux qu'un même amour, un même trépas a voulu réunir ! Et toi, arbre fatal, qui de ton ombre couvres le corps de Pyrame, et vas bientôt couvrir le mien, conserve l'empreinte de notre sang ! Porte désormais des fruits symboles de douleur et de larmes, sanglant témoignage du double sacrifice de deux amants ! »

Ovide, (trad. G. T. Villenave).

C'est de là que viendrait la couleur rouge des mûres d'après Ovide. De fait, dans la tradition latine, le terme de Pyramea arbor (« arbre de Pyrame ») était parfois utilisé pour désigner le mûrier.


Plusieurs récits de l'Antiquité tardive (Nonnos ou le roman chrétien des Recognitiones) rapportent une version sensiblement différente de celle d'Ovide. Situant la scène en Cilicie, ils montrent Thisbé se suicidant la première lorsqu'elle se découvre enceinte (par peur de ses parents), suivie par Pyrame ; les deux amants sont ensuite métamorphosés, Pyrame en fleuve et Thisbé en source. De fait, un fleuve nommé Pyrame coule en Cilicie, cette attestation toponymique semblant montrer que cette version de la légende remonte à une tradition plus ancienne et mieux établie que celle donnée par Ovide.


Évocations artistiques





La légende de Pyrame et Thisbé a inspiré de nombreuses œuvres. La plus célèbre est sans doute Roméo et Juliette de William Shakespeare (1595), qui en reprend librement l'intrigue. Shakespeare a également utilisé ce thème dans Le Songe d'une nuit d'été, où il est joué dans une version parodique pour le mariage de Thésée, duc d'Athènes, et Hippolyte, reine des Amazones.


Au XVIIe siècle, plusieurs tragédies françaises ont été composées sur le thème des amants malheureux : ainsi de Jean Puget de La Serre, Pradon, et surtout Théophile de Viau avec Les Amours tragiques de Pyrame et Thisbé (1621), très appréciée en son temps.


En 1897, Edmond Rostand fait dire à son Cyrano de Bergerac dans la fameuse tirade du nez (acte I, scène 4) :


Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître ! »

En référence à l'extrait de la tirade de Thisbé lors de la mort de son amant dans la pièce de Théophile de Viau : « Ah voici le poignard qui du sang de son maître / S'est souillé lâchement. Il en rougit, le traître ! »


Elle inspira également des opéras :


Pyrame et Thisbé, tragédie lyrique en cinq actes et un prologue de François Francœur et François Rebel sur un livret de Jean-Louis Ignace de La Serre (1662-1756) représentée pour la première fois en 1726, reprise et remaniée en 1740, 1759 et 1771.
Piramo e Tisbe de Johann Adolph Hasse, représenté en 1768.
Piramo e Tisbe de Giuseppe Francesco Bianchi.
Piramo e Tisbe de Gaetano Andreozzi.
Piramo e Tisbe de Venanzio Rauzzini.
Piramo e Tisbe de Vincenzo Righini.
Piramo y Tisbe de Luis Mison.


Et des tableaux :


Pyrame et Thisbé, huile sur bois de Hans Baldung Grien, vers 1530, Berlin, Staatliche Museen ;
Pyrame et Thisbé, huile sur toile de Nicolas Poussin, 1651, Francfort, Stadel Kunstinstitut ;
Pyrame et Thisbé, tableau d'Andrea Boscoli aux Offices de Florence ;
Pyrame et Thisbé, tableau de Gregorio Pagani, Galeria degli Uffizi, Florence.
Thisbe, tableau de John William Waterhouse, 1909, coll. privée.





Thisbe
John William Waterhouse
1909, coll. privée.
Thisbé écoute Pyrame qui lui parle à travers la faille du mur


1 commentaire:

  1. Quel plaisir que de retrouver, grâce à vous, ce qui m'a fait autrefois tant rêver.

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