jeudi 13 juillet 2017

Prise de la Bastille : 2 fous, 4 faussaires et un pervers libérés !


Louis XVI voulait la détruire, elle n'aurait jamais dû se rendre et ses geôles n'accueillaient que sept prisonniers, dont deux fous !




Sans vouloir dénigrer le brillant fait d'armes de notre Révolution française, il faut bien reconnaître que la légende tricotée au fil des ans sur la prise de la Bastille ne s'accorde pas vraiment aux événements du 14 juillet 1789... La Bastille, c'est quoi ? Le symbole de l'autorité royale, puisque le souverain pouvait y envoyer croupir tout opposant, sur simple lettre de cachet, très utilisée par Louis XIV. En revanche, Louis XVI a la main bien moins lourde que son aïeul et les internements sont plus courts qu'autrefois. Au milieu des années 1780, les urbanistes du roi envisagent même la destruction de cette prison-forteresse trop coûteuse à entretenir, ce qui permettrait l'aménagement d'une place avenante près du quartier Saint-Antoine – le fort de Vincennes sera bien suffisant pour accueillir les prisonniers.
De fait, lorsque la révolution éclate, il n'y a guère que sept détenus dans les geôles du bastion, à savoir les dénommés Tavernier et de Whyte, deux fous à lier, le comte de Solages, un pervers enfermé à la demande de son père pour inceste avec sa sœur, et quatre faussaires qui attendent leur jugement pour avoir falsifié des lettres de change. Alors, pourquoi s'en prendre à cette grosse forteresse pour si peu de prisonniers ?


De quoi soutenir un siège

Si les émeutiers attaquent la Bastille en juillet 1789, c'est d'abord pour des questions pratiques : ils ont pillé des milliers de fusils aux Invalides et cherchent des munitions dans tout Paris pour se protéger des troupes massées par le roi autour de la capitale. Or, de la poudre et des cartouches, il y en a à la Bastille, il n'y a qu'à aller se servir, comme aux Invalides. « À la Bastille ! » crie la foule surchauffée. Mais la forteresse reste imposante : elle peut compter sur une centaine de soldats pour la défendre, une vingtaine de canons, douze fusils de rempart, cinq cents boulets, vingt mille cartouches et deux cent cinquante barils de poudre... De quoi soutenir un siège en règle en attendant d'éventuels secours des régiments proches.
Pourquoi est-elle donc tombée si vite ? D'abord son chef, le gouverneur de Launay, est un homme peureux, peu expérimenté et irrésolu, selon les témoignages militaires de l'époque. Manifestement pas l'homme de la situation. Ensuite, les assaillants vont faire preuve de ruse et de détermination. Ils envoient d'abord plusieurs délégations qui entrent dans la place et constatent très vite que le gouverneur est non seulement débordé, mais paniqué. Les premiers échanges de coups de feu en début d'après-midi montrent également aux émeutiers qu'il ne veut pas d'un bain de sang, ils peuvent donc espérer une capitulation.


Le gouverneur dépassé

De Launay résiste mollement, fait tirer au canon, trop faiblement pour disperser la foule, mais suffisamment pour tuer des assaillants et exciter les meneurs – les combats feront une centaine de morts et autant de blessés dans la foule. Les émeutiers pointent à leur tour des canons et font feu, ils menacent désormais le pont-levis, ce qui pousse le gouverneur, complètement dépassé, à capituler en faisant agiter un drapeau blanc aux murailles. On négocie l'ouverture des portes contre la vie sauve et les honneurs de la guerre. Les chefs des assaillants promettent, d'autres pas, les avis divergent... En attendant, dans la panique et les contre-ordres, le pont-levis finit par s'abaisser, déclenchant l'hallali. Le gouverneur se fait lyncher par la foule, un cuisinier au chômage lui détache la tête avec un couteau, on la promène toute la soirée dans Paris au bout d'une pique.


On perd les clefs des cellules

La confusion est la plus totale, des émeutiers tuent ceux arrivés plus tôt dans la place, en les prenant pour des ennemis. Certains chefs de la garnison sont massacrés, d'autres se déguisent en citoyens pour s'échapper, des soldats sont confondus avec des prisonniers et sauvent ainsi leur peau… Et les vrais détenus ? On les a presque oubliés. On ne trouve plus les clefs pour ouvrir les cellules, ces trophées sont déjà portés en triomphe dans la capitale ! On enfonce les portes, on évacue les prisonniers au soleil, à la vue de tous. Les quatre faussaires en profitent pour se fondre rapidement dans la foule. Le comte débauché, après avoir soupé aux frais du peuple, retourne vite dans sa province. Et les deux fous, que l'on promène un temps comme symboles du despotisme, sont promptement claquemurés à Charenton pour ne plus en sortir.









2 commentaires:

  1. Bien sûr on savait tout ça mais, le relire fait plaisir et, on se demande au bout du compte si ce pauvret de De Launay n'aurait pas dû avoir droit à une placette à son nom à Paris mais, peut -être existe-t-elle. Qui sait ?

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    1. Pour ma part, je découvre. On m'en a caché des choses à l'école! D.M.

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