vendredi 17 novembre 2017

Hugo. Je prendrai par la main les deux petits enfants










Je prendrai par la main les deux petits enfants




Je prendrai par la main les deux petits enfants ;
J'aime les bois où sont les chevreuils et les faons,
Où les cerfs tachetés suivent les biches blanches
Et se dressent dans l'ombre effrayés par les branches ;
Car les fauves sont pleins d'une telle vapeur
Que le frais tremblement des feuilles leur fait peur.
Les arbres ont cela de profond qu'ils vous montrent
Que l'éden seul est vrai, que les coeurs s'y rencontrent,
Et que, hors les amours et les nids, tout est vain ;
Théocrite souvent dans le hallier divin
Crut entendre marcher doucement la ménade.
C'est là que je ferai ma lente promenade
Avec les deux marmots. J'entendrai tour à tour
Ce que Georges conseille à Jeanne, doux amour,
Et ce que Jeanne enseigne à George. En patriarche
Que mènent les enfants, je réglerai ma marche
Sur le temps que prendront leurs jeux et leurs repas,
Et sur la petitesse aimable de leurs pas.
Ils cueilleront des fleurs, ils mangeront des mûres.
Ô vaste apaisement des forêts ! ô murmures !
Avril vient calmer tout, venant tout embaumer.
Je n'ai point d'autre affaire ici-bas que d'aimer.


Victor HUGO
in L'Art d'être grand-père
1877

4 commentaires:

  1. Evidemment, j'adore Hugo et ce texte est magnifique mais j'espérais, peut-être, une note sur Robert Hirsch parce que tout de même ...

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  2. Le grand Victor, qui nous enchante encore, et toujours,
    en réglant sa promenade sur la petitesse des pas
    de Jeanne et de George...
    Entre deux éruptions priapiques avec la domesticité.
    Quelle santé !

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  3. Double bonheur de lecture : le poème d'Hugo et le commentaire d'"En passant".

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    Réponses
    1. Merci Rosine Cavalié de complimenter En passant. C'est sans doute un grand amoureux de la poésie.
      N.B : sans doute ici s'entend en son sens premier : il n'y a aucun doute.

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