jeudi 23 novembre 2017

Poe. The raven






Le Corbeau (titre original : The Raven) est un poème narratif de l'écrivain américain Edgar Allan Poe, qui compte parmi les textes les plus forts de ce poète, établissant sa réputation dans son pays et en Angleterre. Il paraît pour la première fois le  dans le New York Evening Mirror. D’une grande musicalité et à l'atmosphère irréelle, obéissant à une métrique stricte, le poème raconte l'histoire d'une mystérieuse visite que reçoit le narrateur, qui se lamente sur la mort de son amour, Lenore. Un corbeau perché en haut de sa porte répète inlassablement « Jamais plus ».







Le manuscrit 







Le poème d'E.A.POE


Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary, Over many a quaint and curious volume of forgotten lore—
While I nodded, nearly napping, suddenly there came a tapping,
As of some one gently rapping, rapping at my chamber door.
“’Tis some visitor,” I muttered, “tapping at my chamber door—
Only this and nothing more.”
Ah, dist inct ly I remember it was in the bleak December,
And each separate dying ember wrought its ghost upon the fl oor.
Eagerly I wished the morrow ;—vainly I had sought to borrow
From my books surcease of sorrow—sorrow for the lost Lenore—
For the rare and radiant maiden whom the angels name Lenore—
Nameless here for evermore.




La traduction de Ch.BAUDELAIRE


Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux
et curieux volume d’une doct rine oubliée, pendant
que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain
il se fit un tapotement, comme de quelqu’un
frappant doucement, frappant à la porte de ma
chambre. « C’est quelque visiteur, — murmurai-je,
— qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est
que cela, et rien de plus. »
Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le
glacial décembre, et chaque tison brodait à son tour
le plancher du refl et de son agonie. Ardemment je
désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de tirer
de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse
pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et rayonnante
fille que les anges nomment Lénore, — et
qu’ici on ne nommera jamais plus.







Et celle de S. MALLARME


Une fois, par un minuit lugubre, tandis que je m’appesantissais, faible et fatigué, sur maint
curieux et bizarre volume de savoir oublié — tandis
que je dodelinais la tête, somnolant presque : soudain
se fit un heurt, comme de quelqu’un frappant
doucement, frappant à la porte de ma chambre
— cela seul et rien de plus.
Ah ! distinctement je me souviens que c’était en le
glacial décembre : et chaque tison, mourant isolé,
ouvrageait son spectre sur le sol. Ardemment je
souhaitais le jour — vainement j’avais cherché
d’emprunter à mes livres un sursis au chagrin — au
chagrin de la Lénore perdue — de la rare et rayonnante
jeune fille que les anges nomment Lénore :
— de nom pour elle ici, non, jamais plus 




Edgard Poe figuré en corbeaux




4 commentaires:

  1. Où l'on voit deux immenses artistes du verbe un peu à la peine...

    Il faut dire que la musique de Poe ne se traduit pas.

    "Nameless here for evermore", moins que tout.
    J.



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  2. C'est en effet la première fois que l'on retrouve nos deux géants français gênés aux entournures dans leurs traductions respectives, la palme de l'à-peu-près revenant à notre avis à Ch.B.. Traduttore, traditore !! Traduire c'est trahir.
    Cette délicieuse paronomase italienne aurait semble t-il pour origine une texte de Du Bellay que voici :

    « Mais que diray-je d'aucuns, vrayement mieux dignes d'estre appelez traditeurs, que traducteurs? veu qu'ils trahissent ceux qu'ils entreprennent exposer, les frustrans de leur gloire, et par mesme moyen seduisent les lecteurs ignorans, leur monstrant le blanc pour le noir. »

    Et merci de vos commentaires écliarés.

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