lundi 22 janvier 2018

Le dimanche il n'y a pas photo









































































Tout s'y lit l'or bleu du désir l'eau qui dort sous
Le sable des caresses attendues le frisson du réveil
Comme une vague ramène le matin sur la peau
On voudrait s'y étendre y mourir à son tour
Et la fine rainure qu'on suit avec le pouce
De la nuque aux reins comme un poème vertébré
Partage l'est du sommeil et l'ouest des plaisirs
Quand il est l'heure de lire le menu de la nuit avec
Les doigts 


Alain Duault
In Nudités
2004












































les G.A.M.B.
Grace, Audrey, Marilyn et Brigitte




Grace









vendredi 26 janvier 2018












Alain Duault







Les mélomanes connaissent sa plume et son visage à travers ses livres ou ses émissions sur l'opéra. Mais ce fervent admirateur de Maria Callas est avant tout poète. En témoigne son dernier ouvrage dans la collection «Blanche» de Gallimard : Ce léger rien des choses qui ont fui.








Le dos

Tout s'y lit l'or bleu du désir l'eau qui dort sous
Le sable des caresses attendues le frisson du réveil
Comme une vague ramène le matin sur la peau
On voudrait s'y étendre y mourir à son tour
Et la fine rainure qu'on suit avec le pouce
De la nuque aux reins comme un poème vertébré
Partage l'est du sommeil et l'ouest des plaisirs
Quand il est l'heure de lire le menu de la nuit avec
Les doigts 




Alain Duault
In Nudités
2004




"...Et la fine rainure qu'on suit avec le pouce
De la nuque aux reins comme un poème vertébré..."










jeudi 25 janvier 2018

La Fontaine. Le Cygne et le Cuisinier





Le Cygne et le Cuisinier 

Dans une ménagerie
De volatiles remplie
Vivaient le cygne et l'oison (1) :
Celui-là destiné pour les regards du maître ;
Celui-ci, pour son goût : l'un qui se piquait d'être
Commensal (2) du jardin ; l'autre de la maison.
Des fossés du château faisant leurs galeries,
Tantôt on les eût vus côte à côte nager,
Tantôt courir sur l'onde, et tantôt se plonger,
Sans pouvoir satisfaire à leurs vaines envies.
Un jour le cuisinier, ayant trop bu d'un coup,
Prit pour oison le cygne ; et le tenant au cou,
Il allait l'égorger, puis le mettre en potage.
L'oiseau, prêt à mourir, se plaint en son ramage.
Le cuisinier fut fort surpris,
Et vit bien qu'il s'était mépris.
" Quoi ? je mettrais, dit-il, un tel chanteur en soupe !
Non, non, ne plaise aux dieux que jamais ma main coupe
La gorge à qui s'en sert si bien ! "
Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe
Le doux parler ne nuit de rien.


Jean de La Fontaine 
In Fables 
Livre III






Quelques éclaircissements pour les jeunes lecteurs (et peut-être pour les moins jeunes également !) : 

(1) L’oisin : l’oison est une oie mâle. 

(2) Commensal : très beau mot malheureusement tombé en désuétude. Le commensal est un compagnon de table. Les commensaux sont ceux qui partagent avec nous, à table, le repas.



Quelques notes sur l'histoire ce cette fable : Le rhéteur grec Aphtonius (IIIe siècle avant J.-C., auteur d’un recueil de fables à caractère pédagogique) a repris l’idée de cette fable à Esope (« Le Cygne pris pour une Oie »). Il a voulu en faire un éloge de l’éloquence. Guillaume Haudent en latin et Verdizotti en italien traiteront le même sujet (« Del Cigno e dell ‘Occa »). La Fontaine se basera sur le texte du secrétaire du Titien pour le début et la moralité de cette fable. Cette fin disait ceci « L’éloquence a souvent eu le pouvoir d’écarter les périls, et même la mort menaçante ».










Jean de la Fontaine est né à Château-Thierry le 8 juillet 1621. Ses fables, au nombre de 243 restent son chef d'oeuvre. Certains considèrent la Fontaine comme un copieur qui n'a rien inventé, mais il est certain que sans sa contribution essentielle, les noms d'Esope et de Phèdre, entre autres, n'auraient pas le retentissement qu'ils ont maintenant. La Fontaine s'est certes inspiré de ces fables anciennes, mais il les a considérablement améliorées et écrites dans une langue belle et douce à lire. Plus  de 12 000 vers, rien que pour les fables ! Il meurt le 13 avril 1695. 


mercredi 24 janvier 2018

Charles Cros. A grand-papa





A grand-papa

Il faut écouter, amis,
La parole des ancêtres.
- Ne soyons jamais soumis !
Mais, d'où viennent tous les êtres ?

Donc pour cela, puis-je oser,
A travers l'imaginaire,
Vous envoyer un baiser
De tout mon coeur, mon grand-père ?

Vous faisiez des vers très doux
D'après le doux Théocrite,
" L'Oarystis !(*) " C'est de vous
Qu'en faisant ces vers, j'hérite



Charles Cros
in Le Collier de griffes
Posthume, 1908






(*) Oarystis : Rare et littéraire:  Idylle, entretien tendre. 

On trouve ce superbe mot chez Cros bien sûr, chez Nerval, chez Rimbaud, chez Chénier etc. :

Ah! les oaristys! les premières maîtresses! /L'or des cheveux, l'azur des yeux, la fleur des chairs, /Et puis, parmi l'odeur des corps jeunes et chers, /La spontanéité craintive des caresses!
(Verlaine, in Poèmes saturniens, 1866).

Notre vie commune commençait de si bien s'arranger (...). Quand, par la suite, je racontai notre oaristys à Albert, je fus naïvement surpris de le voir, lui que je croyais d'esprit très libre, s'indigner d'un partage qui nous paraissait, à Paul et à moi, naturel.
(Gide, in Si le grain ne meurt, 1924).







mardi 23 janvier 2018

Authex. Drôle de salades


Les huit scaroles


La marquise sortit à 17h, enfin, dans ces Zola, son dossier sous le bras, guère épais.
Elle a rendez-vous avec son banquier. Il est petit. Rabelais, quoi. Bien loin d’être ce Perrault regard si doux. Il a plutôt du Vian dans le crâne mais bon, mieux Voltaire.
Allez ! assez de salades : Les huit scaroles suffisent.
Quant à moi, je vous file les clés de la boîte Sagan et... comme disait Sand...riez !...

La boite Sagan

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Plus sérieusement,

« La marquise sortit à cinq heures… » est une référence à Paul Valéry (1871-1945) : il citait ce type de phrase comme topique du roman balzacien qu’il jugeait dépassé ; selon lui il fallait maintenant inventer autre chose. C’est du moins le propos que lui prête André Breton : « Paul Valéry, à propos des romans, m’assurait qu’en ce qui le concerne, il se refuserait toujours à écrire : « La marquise sortit à cinq heures » » dans Le manifeste du surréalisme (1924).





La Marquise sortit à cinq heures " Même si l’on n’en sait plus toujours la raison, la phrase est inscrite à nos mémoires littéraires, et pas seulement parce que Claude Mauriac en a fait le titre de l’un de ses romans. En réalité, c’est André Breton qui en a attribué la paternité à Paul Valéry, lequel aurait décrété ne jamais vouloir écrire de roman au prétexte qu’il lui était impossible d’y faire entrer une phrase aussi banale. Une manière de discréditer le genre romanesque que Breton comme Valéry ne tenaient pas pour un art en soi. Balzac avait fait son temps ! Rien, de toute manière, ne pouvait rivaliser pour eux avec cette "poésie pure", excluant la narration, dont ils étaient de fervents adeptes.
Pour anodine qu’elle soit, la phrase incriminée en appelle pourtant à la curiosité. Où va la Marquise ? Pourquoi ? Vers qui ? Chacun peut lui imaginer toutes les destinations possibles, des plus sages aux plus farfelues, galantes, coquines, définitives. C’est ce qu’a fait Jean Charlent qui ne voit pas pourquoi on ne lui trouverait pas de suites aussi définitives qu’au célébrissime : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Docteur en Droit, établi dans une carrière industrielle et auteur de livres plutôt scientifiques, celui-ci s’est toujours passionné pour la littérature. S’il en est aujourd’hui un fin connaisseur, il se révèle aussi amateur de défis. Partant du constat de mystère, inclus dans les six mots qu’aurait déconsidérés l’auteur de La Jeune Parque, il s’est offert - et amusé à la chose, on le ressent - de faire figurer ceux-ci dans près de cent textes réinterprétés ou résolument inventés de 75 écrivains du passé et du présent.
Exercices de style. Clins d’œil. Rencontres plus ou moins évidentes selon les cas. Alliage d’imagination et d’érudition. Citations détournées. Prose ou poésie. Le travail est subtil et brillant qui sollicite, sans aucune chronologie ou parti pris, Alphonse Allais, Marcel Aymé, Baudelaire, San Antonio, Cioran, Voltaire, Cocteau, Hugo, La Fontaine, Proust, Simenon, Weyergans et bien d’autres pour des variations drôles, pertinentes, impertinentes, ironiques, jubilatoires Souvent savoureuses. En musique, les variations sont un genre en soi. On connaît les "Variations Goldberg" développées par Bach lui-même à partir d’un motif initial. Mais elles peuvent prendre appui sur des thèmes populaires, voire des chansons enfantines, telle "Ah ! Vous dirais-je maman" qui inspira Mozart ou "Frère Jacques" que reprit Mahler dans sa Première symphonie. Elles sont moins évidentes en littérature et, en ce sens, l’idée de Jean Charlent est à la fois originale et attrayante.
Tous les textes de Variations Valéry. Les cadences de la Marquise seront sans doute perçus par les lecteurs en fonction de leurs plus ou moins grandes affinités avec l’auteur pastiché. Il serait vain de se livrer ici à des comparaisons arbitraires. Mais quelle que soit la part de rigueur ou de fantaisie des différentes imitations on prend un plaisir divertissant à folâtrer des unes aux autres et à y reconnaître avec les complicités que l’on y apporte l’univers, la griffe ou l’esprit de tel ou tel écrivain aimé. 

L.Authex – mai 2010

dimanche 21 janvier 2018

Le dimanche il n'y a pas photo




























King Frederik IX of Denmark's

1965 S3 Continental
by H J Mulliner
































« …quand les amants ont désuni leurs chairs, ils redeviennent étrangers; et même le corps masculin semble à la femme rebutant; et l’homme éprouve parfois une sorte de fade écoeurement devant celui de sa compagne; entre femmes, la tendresse charnelle est plus égale, plus continue; elles ne sont pas emportées dans de frénétiques extases, mais elles ne retombent jamais dans une indifférence hostile; se voir, se toucher, c’est un tranquille plaisir qui prolonge en sourdine celui du lit. » 

Simone de BeauvoirIn Le deuxième sexe, tome 2.











les G.A.M.B.
Grace, Audrey, Marilyn et Brigitte


Grace








Audrey
















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