samedi 10 février 2018

Merci m.Macron. Luxe automobile







Luxe automobile,


 un désamour à la


 française


Ci-dessus : Delage (D8-120 cabriolet de Villars) 

Les Ferrari ou Bentley [aie!..] 

seront  surtaxées à partir de 2018. 

Les constructeurs tricolores n’ont rien à craindre : depuis 

l’après-guerre, la France est allergique aux voitures très 

haut de gamme.

Surtaxer les voitures mais en même temps les voitures de luxe est une tradition bien française. En 2018, le tribut qui leur est imposé en tant que biens  de consommation « ostentatoires », sera de nouveau alourdi et cela ne surprendra personne, pas même nous car c'est ça le nouveau monde. La « taxe additionnelle » plafonnée à 8 000 euros appliquée aux véhicules de plus de 36 CV fiscaux et destinée à faire pendant aux allégements introduits par le nouvel impôt sur la fortune immobilière affectera les Ferrari, Bentley, Lamborghini et autres Aston-Martin mais aussi les modèles les plus puissants des gammes Maserati, BMW, Mercedes, Porsche ou Audi. Les constructeurs français, eux, n’ont rien à craindre.



Ces voitures dont le prix de base débute autour de 120 000 euros sont aussi soumises au « supermalus » écologique de 10 000 euros (qui doit passer à 10 500 euros en 2018) et, dans leur très grande majorité, au taux maximum de la taxe sur les véhicules de société, également alourdie l’année prochaine. Le nouveau monde on vous dit.

« Même si les acheteurs ont les moyens de s’en affranchir, cette super-taxe constitue un frein supplémentaire à l’achat. Y compris au plan psychologique », assure Matthieu Berne, directeur du marketing de Maserati – qui lance actuellement la nouvelle Ghibli – pour l’Europe de l’Ouest. Selon lui, « des clients renoncent désormais par principe à acquérir une voiture dont près de la moitié du prix sera encaissé par l’Etat. Beaucoup hésitaient déjà à se rendre avec un tel véhicule chez leurs clients ou à le garer sur le parking de leur société ».

En Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis, la fiscalité des voitures de luxe est moins lourde. Hors de nos frontières, assurent tous les constructeurs huppés, berlines ou coupés de grand luxe font l’objet d’une acceptabilité sociale nettement supérieure. « Le cas de la France est spécifique, confirme Flavien Neuvy, qui dirige l’Observatoire Cetelem de l’automobile. La dimension symbolique de tels modèles y est particulièrement marquée  d’autant que la voiture, de plus en plus stigmatisée, constitue une cible facile  et reflète sans doute notre rapport, compliqué, à l’argent. »

Ce désamour ne date pas d’hier. Longtemps réputée pour ses modèles prestigieux exportés dans le monde entier, l’automobile française a délibérément renoncé à ses prétentions dans le haut de gamme après la seconde guerre mondiale. A la Libération, le plan Pons (1945), destiné à répartir les moyens disponibles entre les différents constructeurs, fait la part belle à la démocratique Renault 4CV ou, pour les classes moyennes, à l’élégante Peugeot 203, mais se désintéresse de Bugatti, Delahaye ou Delage. Dans les années qui suivent, ces marques vont disparaître sans susciter beaucoup d’émoi. Ultime tentative de retour dans le giron du luxe, le sort de Facel Vega (1954-1964) n’attendrira pas davantage les pouvoirs publics.



La vignette automobile de 1956 et l’alourdissement progressif des taxes sur les grosses motorisations vont entretenir le statut de vache à lait de l’automobile en général et de la voiture de haut de gamme en particulier, cible toute désignée de la vindicte fiscale. Les modèles de grand luxe sont anglais, américains, italiens ou allemands et ne recouvrent aucun enjeu industriel. Fierté nationale, la Citroën DS (1955) est une œuvre d’art et une merveille technologique ; pas une voiture destinée à l’élite.

Le luxe, terra incognita

« La France n’aime vraiment l’automobile qu’à partir des années 1950-1960, lorsqu’elle devient populaire, souligne l’historien Jean-Louis Loubet, auteur d’Une autre histoire de l’automobile (Presses universitaires de Rennes, 406 pages, 20 €). Regardez le cahier des charges d’une haut de gamme comme la Renault 30, lancée en 1975. Il est sans ambiguïté : on vise d’abord l’exportation. » 


Au fil des années, s’est construit une culture de la défiance sociale à l’égard de la voiture de luxe dont les ventes sont, aujourd’hui encore, proportionnellement bien inférieures en France que dans les autres pays à pouvoir d’achat comparable. L’une des expressions les plus manifestes de cette suspicion réside sans doute dans la peur panique des hommes politiques français d’être vus à bord d’un tel véhicule. On se souvient du scandale provoqué par Dominique Strauss-Kahn, alors candidat à l’Elysée, descendant d’une Porsche Panamera. 
En même temps que leur aristocratie automobile, les Allemands célèbrent la technologie, les Italiens le design et les Anglais leurs marques prestigieuses. Les Français conçoivent des voitures populaires (la 2 CV de Citroën) et intelligentes (l’Espace de Renault) mais, pour eux, le luxe est depuis longtemps terra incognita. Un héritage dont se lamentent off the record les dirigeants de Renault comme de Peugeot-Citroën qui, faute de références et d’un solide marché intérieur, ont abandonné le terrain de l’automobile « premium » à leurs voisins mais aussi aux marques japonaises, suédoises et bientôt coréennes.
Cette histoire d’un désamour pour les belles voitures a quelque chose de paradoxal dans un pays particulièrement réputé pour ses produits de luxe.« L’automobile cristallise quelque chose qui l’empêche de faire bon ménage avec la passion égalitaire française », estime Christophe Rioux, spécialiste du luxe à l’ISC-Paris et enseignant à Sciences Po. « Ce n’est pas le cas de l’immobilier, que la dimension patrimoniale rend plus acceptable, ni de l’horlogerie ou d’autres secteurs du luxe où la rhétorique de l’artisan développée par les marques désamorce la charge ostentatoire de l’objet », fait-il remarquer. En France, on blâme la consommation ostentatoire, mais de manière sélective.




3 commentaires:

  1. Je peux comprendre que l'on puisse déplorer la fin du luxe à la française et même que l'on soit fou des belles voitures mais que préfèreriez-vous ? Que nous français lambda qui ne possédons ni patrimoine, ni voitures de luxe, soyons encore plus essorés si c'est possible,afin que de plus nantis respirent sur nos cadavres ? Quels cadeaux supplémentaires vous faut-il en sus de la suppression de l'ISF, de la nullité de l'IFI sur le patrimoine financier, des allègements fiscaux sur les sociétés ? Quoi encore ? Ah oui, les voitures de luxe qui ne participent même pas à l'effort de croissance !

    Pendant ce temps, qui s'apitoie sur l'augmentation de la CSG sur le dos des retraités et des petits salariés ? Qui s'insurge de la baisse des APL pour les plus démunis qui, à terme, n'auront plus que la rue comme seule résidence principale ? Qui s'insurge de la création du concept de "départ volontaire" dans la fonction publique, terminologie jusque là réservée aux sociétés de droit privé ? Qui pour dénoncer la flexibilité du contrat de travail, la suppression des contrats aidés au profit du PEC, la fin du CDI ? Qui paie et paie encore au-delà même de ses possibilités salariales et fiscales (pour ceux qui encore la chance de bosser ou, pire, qui sans bosser, paieront l'impôt sur leurs revenus de l'année précédente à cause du décalage de la perception de l'impôt ? Qui verra son panier baisser et ne pourra s'offrir les 5 fruits et légumes pour s'éviter un cancer colorectal ?

    Mais j'oubliais à quel point la pauvreté est indécente et comme cela doit faire tache au milieu des Bentley, des Maserati, des Porsche ...Obscène vous dis-je !

    RépondreSupprimer
  2. Les berlines de grand luxe, dites-vous, font l'objet d'une plus grande "acceptabilité sociale", chez nos amis anglais, allemands, suédois, italiens etc.
    En effet. Et voilà bien une preuve (supplémentaire, s'il était nécessaire) qu'il n'y a pas de peuple européen ayant culture, goûts et perceptions homogènes ou standardisées, grand merci ! La passion égalitaire domine chez les "latins" majoritairement de culture "catho" et pas chez les saxons luthériens ! Ce n'est pas une découverte !

    Dans l'inconscient collectif français la perception de l'auto de grand luxe a sans doute quelque chose à voir avec les arrogants attelages et les fastueux carrosses de la Monarchie absolue, lorsqu’elle est devenue quasi indifférente au peuple et sourde à ses souffrances et aspirations.

    L'excellent "Que la fête commence" note incidemment cela avec justesse.

    J'ajoute une autre observation : presque tous rejetons de la Caste oligarchique française qui pilotent notre finance, notre économie et notre haute fonction publique, inclinent massivement pour les "merveilles" technologie automobile allemande.

    On trouve là sans doute une manifestation récurrente du tropisme qui a fâcheusement inspiré beaucoup de leurs pères et grand-pères, industriels, très-haut-fonctionnaires et possédants, lorsqu'ils vibraient pour les sirènes venues d'Outre-Rhin, sous l'Occupation et le régime de la Collaboration.

    Les sirènes sont juste devenues un peu plus reluisantes, et l'on vibre toujours.









    RépondreSupprimer
  3. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.