mardi 5 juin 2018

Voltaire, Dictionnaire philo. Extrait





Voltaire, François-Marie Arouet, Dictionnaire Philosophique, 1764




(François-Marie Arouet, dit Voltaire est né le 21 novembre 1694 à Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778)


Extraits choisis :


"Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable.
Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, qu'il est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Ce sont d'ordinaire les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la Montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait."

VOLTAIRE

In Dictionnaire Philosophique, 1764
Article « Fanatisme »





Intégralité du texte :

"Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J'ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s'échauffaient par degrés parmi eux: leurs yeux s'enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits. 
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient: « Il faut du sang ». Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes. Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu'ils iraient assassiner tous ceux qu'il leur nommerait. Il n'y a eu qu'une seule religion dans le monde qui n'ait pas été souillée par le fanatisme, c'est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède; car l'effet de la philosophie est de rendre l'âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c'est à la folie des hommes qu'il faut s'en prendre. "


* * *




Voltaire assis par Jean-Antoine Houdon, 1871
L'original en marbre orne le foyer de la Comédie-française. Mme Denis, qui n’avait pas souhaité garder le Voltaire nu de Pigalle, commanda la statue à Houdon et en fit don à la Comédie-française. L'œuvre a été reproduite en terre cuite, en plâtre et bronze dans différents formats.



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