mardi 15 septembre 2015

Jules SUPERVIELLE. La mer





La mer

C’est tout ce que nous aurions voulu faire
et n’avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole
et n’a pas trouvé les mots qu’il fallait,
Tout ce qui nous a quittés
sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser
par le fer sans jamais l’atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues
parce qu’il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume
pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes
par goût fondamental de l’éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs
et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface
et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.


Jules Supervielle
Oublieuse Mémoire, 1949


(...) Ce qui est devenu vagues et encore vagues
parce qu’il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume
pour ne pas mourir tout à fait, (...)


HOKUSAI
1760-1849
La grande vague de Kanagawa, 1831


Hokusaï est un grand peintre et dessinateur d'estampes japonaises gravées sur bois. Cette estampe est la première des 46 qui composent les Trente-six vues du mont Fuji. Cette œuvre très connue influença profondément les peintres européens tels Monet, Gauguin et Van Gogh.


L'estampe représente trois barges prises dans une forte tempête. Ces bateaux rapides servaient à transporter par mer du poisson des villages de pêcheurs vers les marchés aux poissons de la baie d'Edo. Il y a huit rameurs par embarcation, cramponnés à leurs rames qu'ils ont pris le soin de relever. Deux passagers supplémentaires sont à l'avant de chaque bateau, ce qui représente un total de trente hommes. Les barques font environ 12 mètres de long, par comparaison, on peut estimer que la vague mesure de 14 à 16 mètres de hauteur. Les marins sont pris dans une forte tempête, peut-être un typhon, et semblent avoir bien peu de chances d'en réchapper.

1 commentaire:

  1. J'apprenais à mes élèves "la mer secrète" du même Supervielle

    Quand nul ne la regarde
    La mer n’est plus la mer,
    Elle est ce que nous sommes
    Lorsque nul ne nous voit.
    Elle a d’autres poissons,
    D’autres vagues aussi.
    C’est la mer pour la mer
    Et pour ceux qui en rêvent
    Comme je fais ici.

    Jules Supervielle, La Fable du monde

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.