mercredi 29 mars 2017

Authex. Le french qu'on speak




"Eh oui, les filles, on l’a vu sur les catwalks, c’est écrit partout et il y a même des magazines qui castent des tailles 44 pour faire leur cover. (... ) Mes sœurs de beurre, ne tombez pas dans cet énorme panneau qui veut nous faire croire que le must feel, cet été, c’est le Feel fat. Totally faux."

Voilà donc ce qu’on pouvait lire samedi dans un magazine (français) pour les djeuns branchés. Relevé plus loin : "Vous pourrez frimer en tiag" et  "la country botte devient city boot"


(Mais rassurez-vous ! Sur France Culture, on sert à répétition du “FRONT monétaire international”, du “Régistre” ou de “l’enrégistrement”. Quant au “déj’ner”, n’en parlons même pas.)





Pour votre gouverne, il s’agit d’un supposé engouement bien dans l’air du temps en faveur des femmes plus rondes que les cure-dents anorexiques dont Monsieur Lagerfeld, un grand humaniste, fait son ordinaire.
En ces temps de célébration de l’inculture générale, lorsque des bribes de rap et Mozart, c’est kif-kif, quand un clip de pub est trouvé plus fun (voir plus haut) qu’un film de Fellini, alors que l’on prend Christine Angot pour un écrivain (pardon une écrivaine) et que la politique n’est plus qu’une affaire de pipelette, il va de soi qu’on peut écrire n’importe comment, et que plus ce sera n’importe comment, plus ce sera cool (re-voir plus haut).

La langue de la pub et des magazines branchés n’est que la musiquette d’accompagnement d’une vision du monde où doivent triompher le show et le glam (idem). Laissons les choses barbantes aux barbons encore capables de pratiquer l’imparfait du subjonctif ! Mais qu’on ne s’y trompe, la tendance (mot branché s’il en est) n’est innocente qu’en apparence. Derrière la novlangue dans laquelle s’écrit et se parle le discours apologétique d’une société où la reine consommation, bien que se donnant les airs de se décliner sur une multitude de variantes, reste une et indivisible, c’est une société sans colonne vertébrale autre que celle que feint de lui procurer l’argent-roi qui s’avance masquée. Et tant pis si la plupart des fashion victims (idem, encore), ne sont pas capables de ressembler à Jennifer ou Angelina, ou de  quand la "country botte devient city boot" (extrait au hasard du même magazine). Il restera, pour ceux et celles qui se gavent de ce genre de presse, la solution des anti-dépresseurs et des gourous spécialisés en contemplations ombilicales. Pendant ce temps, "1984" lui-même paraît de plus en plus dépassé.


L.Authex




1 commentaire:

  1. Osez Lechim Autex ! Osez parler de cette béance : le vide spirituel !
    J.

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