vendredi 7 avril 2017

Mansour. Choix de poèmes


René MAGRITTE
La Géante, 1931




J’ai ouvert ta tête
Pour lire tes pensées.
J’ai croqué tes yeux pour goûter ta vue.
J’ai bu ton sang
Pour connaître ton désir
Et de ton corps frissonnant
J’ai fait mon aliment.








La marée monte sous la lune pleine des aveugles.
Seul avec les coquillages et l’eau glauque du petit jour
Solitaire sur la plage mon lit lentement se noie.
La marée monte dans le ciel titubant d’amour
Sans dents dans la forêt j’attends ma mort, muette,
Et la marée monte dans ma gorge où meurt un papillon.






Déplace ton regard
Dépouille mon bas-ventre de sa bête ô désespoir
Ta langue divise mon cœur
Tel le serpent le rocher
Que tes jambes soient de velours
Obéissantes fertiles
Crispées comme le vertige
Raidies aux tournants
Par la peur des ombres malsaines
Agitées nues et entourées de moi
De fil de fer d’arbrisseaux
D’éther impondérable
Que tes jambes me délivrent de l’angoisse de quatre heures
Que ta bouche ensoleillée
Explose
J’écarterai les saules éteints
Tristes fagots qui noircissent ton visage
Il faut que femme enlace

Son image dans la boue


Joyce Mansour
in En attendant minuit

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.