lundi 17 avril 2017

Pâques ou Pâque






Chaque année, une semaine après le dimanche des rameaux, les Chrétiens commémorent la résurrection du Christ lors des fêtes de Pâques. Un nom qui n'a cessé d'évoluer à travers les siècles pour éviter l'amalgame avec son homonyme au singulier: la Pâque, célébration juive.



Le mot est rare. Rare car Pâques -ou Pâque- a subi au travers des siècles un nombre singulier -et pluriel- de changements de graphie dans le dictionnaire. En vingt siècles, le substantif aux racines judéo-chrétiennes s'est vu corrigé, rectifié, révisé, réformé, remanié et finalement épuré pour donner l'écriture qu'on lui connaît aujourd'hui. Mais d'où vient le nom de Pâques? Pourquoi s'écrit-il ainsi?
Un petit cours d'étymologie s'impose. Du latin chrétien Pascha «la Pâque Juive», emprunté au grec paska, lui-même issu de l'hébreu biblique pesah «Pâque», du verbe pesah, pesa'h «passer devant, épargner», le terme est originellement au confluent de plusieurs racines. Un syncrétisme qui l'inscrit de fait au cœur d'un débat sémantique.

Pasches, paschas et pasche

Pâques est originellement orthographié sans «s». «Pâque» désignant la fête juive de la «Pâque» ou le «passage» de la mer Rouge par le peuple hébreu, tel que le narre le livre de l'Exode mais également, «agneau pascal», animal que l'on sacrifie lors de la cérémonie. Quel intérêt de préciser un tel épisode nous direz-vous? Tout simplement parce que dans la lignée des évangélisateurs, dont fit partie saint Paul qui reprit le symbole, l'agneau pascal deviendra lors des célébrations de Pâques -écrit cette fois-ci avec un «s»- la représentation du Christ qui versa son sang pour le salut de l'Homme.
Malgré cette différenciation religieuse et historique notée, l'écriture du mot Pâque(s) alternera, nous indique le CNRTL, invariablement à travers les siècles. On note ainsi la graphie pasches à la fin du Xe siècle pour désigner la «fête juive» et dans sa deuxième moitié, son féminin pluriel écrit paschas pour qualifier la «fête chrétienne». Au XIIe siècle, le mot se décline de façon décousue selon les auteurs. En 1140, on retrouve au féminin singulier la Pasche et trente ans plus tard sous la plume de Chrétien de Troyes dans Erec et Enide, le mot orthographié Pasque. Une graphie qui se perpétuera jusqu'à la fin du XIIIe siècle.

«Par la pâque-Dieu!»

Ce n'est qu'après le XVe siècle, précise le CNRTL, que la distinction sémantique s'opérera entre Pasque (la fête juive) et Pasques (la fête chrétienne). Il faudra néanmoins attendre le XVIIIe siècle pour voir enfin poindre la graphie respective que l'on connaît des mots Pâque et Pâques.
Notons donc que Pâque, sans «s», au féminin désigne d'après le Petit Robert «la fête juive annuelle qui commémore l'exode d'Égypte». Pâques, au pluriel, représente «la fête chrétienne célébrée le premier dimanche suivant la pleine lune de l'équinoxe de printemps, pour commémorer la résurrection du Christ.» Prudence néanmoins! Le CNRTL nous rappelle en effet que la Pâque, peut également être employée dans l'Église catholique pour désigner le Christ ou «l'agneau pascal».
Rappelons enfin que de nos jours, la graphie du mot «Pâques» répond à des règles très strictes. Ainsi, le terme «Pâques» porte-t-il toujours la majuscule SAUF, lorsque celui-ci se retrouve précédé d'un article ou d'un pronom. Dans ces cas-là on écrira alors: «la pâque». À ne pas confondre, suivi d'une exclamation, avec la locution «par la pâque-Dieu»! Qui pour sa part nous renvoie à... un juron.

Source : Alice Develey



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