lundi 31 juillet 2017

NORGE. Les pigeons










Les Pigeons


Les paroles de Lucie, c’était comme un lâcher de pigeons.

De pigeons blancs. Je les regardais monter dans le bleu du ciel ;

la lumière jouait sur leurs plumes.

Par trois, par six, par dix, ils tournaient,

ils filaient dans toutes les directions.

Et ces mouvements d’ailes ! ?

Alors, vous ne répondez pas ? dit-elle.

Moi, j’admirais, j’étais charmé.

Comment ? il fallait écouter aussi ! Et répondre.



NORGE 




Les femmes sont compliquées. L.A.




samedi 29 juillet 2017

Dali -1-


aujourd'hui, ce sera :



Salvador Felipe Jacinto Dalí y Doménech









Le rêve de Vénus, 1939




Femme à sa fenêtre, 1926




La mélancolie extatique des chiens. Carte postale envoyée à André Breton en 1932.



L'homme invisible, 1929






Design for a bikini, 1965




Le Grand Paranoïaque, 1936






Les mille et une grâces des mille et un jours de l'Alhambra, 1973




Deux adolescents, 1954




Sans titre, 1964





Nymphes dans un jardin romantique, 1921





Portrait de Gala, 1941




L'énigme de Hitler






Pieta, 1982




Les trois Ages, 1940



Dali peint un pénis sur le front d'une femme
et signe Picasso



**

BIOGRAPHIE DE SALVADOR DALÍ

Nul ne peut mettre en doute l'estime générale accordée à Dalí: demandez à l'homme de la rue de vous indiquer un artiste moderne, et vous pouvez être sûr qu'il citera son nom;mais tout le monde ne le connaît pas de la même façon : apprécié comme "showman" et comme un des plus grands artistes de ce siècle, Dalí sera loué pour son habilité technique et par ceux qui connaissent ses œuvres les plus populaires et apprécient son imagination luxuriante. Tous semblent connaître les montres molles apparaissant dans ses peintures même si, souvent, le titre La Persistance de la mémoire, leur échappe. 
- A.Fiel Dalí sculpture collection, 2005.

La jeunesse de Dalí : 1904-1915

Salvador Felipe Jacinto Dalí y Doménech naît le 11 mai 1904 à Figueras, au nord de la Catalogne. La région de son enfance aura toujours une place privilégiée dans son œuvre comme dans sa vie. Très tôt, il manifeste une attirance pour l'art figuratif et la peinture, révélant déjà sa personnalité originale et inspirée. Il suit des cours particuliers de dessin.

Un être marqué par son enfance

Ses parents avaient perdu leur premier garçon, également prénommé Salvador. L'amour surprotecteur dont ils gratifièrent leur deuxième enfant a encouragé le développement d'un tempérament instable et égoïste. Ses parents ne se sont jamais remis de la mort de leur premier fils, c'était un génie confiait la mère à son fils. Le jeune Salvador est d'ailleurs profondément troublé en apercevant son nom sur la sépulture. "Toutes mes excentricités, toutes mes incohérences sont la constante tragique de ma vie [.] Je veux prouver que je ne suis pas le frère mort, mais le vivant", écrira-t-il.

Les études : 1921-1927

Alors qu'à Paris le dadaïsme est à son apogée, Dalí est admis à l'Institut San Fernando, l'École des beaux-arts de Madrid. Il y perfectionne sa connaissance de la sculpture, du dessin et de la peinture. Contestant violemment la compétence de ses professeurs, Dalí est expulsé des Beaux-Arts de Madrid. Il en sera exclu en 1922 pour incitation à la rébellion des élèves de l'école. C'est à cette époque qu'il rencontre Lorca et Buñuel, tandis qu'au cours de son premier voyage en 1926 à Paris il fera la connaissance de Picasso.

Le mouvement surréaliste : 1928-1937

À Paris, Dalí fait la connaissance de Breton, Eluard, Magritte et Ernst. Il rejoint officiellement le groupe surréaliste. Durant l'été 1929, le poète Paul Eluard et sa femme Elena (Gala) rendent visite au peintre dans sa maison de Cadaqués. C'est le coup de foudre entre Dalí et cette femme. Elle sera sa « muse surréaliste », l'inspiratrice de sa vie et de son œuvre. Dalí expose à Paris pour la première fois (11 toiles).

1939-1945

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Dalí et Gala s'installent aux Etats-Unis. Ils y resteront jusqu'en 1948. Ces années ont été très importantes pour lui. Le musée d'Art moderne de New York offre à Dalí sa première exposition rétrospective en 1941. En 1942, Dalí publie son autobiographie, La Vie secrète.

Extension de l'œuvre dalinienne : 1961-1970

Dalí est toujours plus prolifique : il écrit et illustre des livres, conçoit décors et costumes pour des opéras, tourne des films, élabore de nouvelles théories, sculpte, dessine, crée des bijoux et des meubles, mélange techniques artistiques, son génie n'a pas de limites dans l'art.

La fin d'un grand artiste : 1974-1989

En 1974, Dalí inaugure le Teatro Museo Dalí à Figueras en Espagne. Cet événement a été suivi de rétrospectives à Paris et à Londres jusqu'à la fin de la décennie. Après la mort de son épouse, Gala, en 1982, la santé de Dalí commence à décliner. À la suite de l'incendie de sa maison en 1984, il fut brûlé et, dès lors, son état de santé se détériore. Deux ans après, on lui implante un stimulateur cardiaque. Dans cette partie de sa vie, Dalí s'est retiré d'abord à Pubol et plus tard dans ses appartements près du Teatro Museo. Il meurt le 23 janvier 1989.


vendredi 28 juillet 2017

Epanalepse








L'ÉPANALEPSE

"L'épanalepse", du grec "épanalambanein", qui signifie reprendre, recommencer, d'où "épanalèpsis" (reprise, répétition), est une figure de répétition diversement décrite selon les auteurs.

Dans le vocabulaire de la stylistique, il s'agit d'un phénomène comparable à "l'antépiphore". L'antépiphore consistant dans la répétition, en tête et à la fin d'un ensemble verbal ou poétique (par exemple une strophe).

BAUDELAIRE a maintes fois eu recours à cette figure dans ses quintils, tel que dans son poème "Le Balcon" :

Mère des souvenirs, maîtresse des maitresses,

Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !

Tu te rappelleras la beauté des caresses,

La douceur du foyer et le charme des soirs,

Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !


Dans "l'épanalepse" ce peut être la répétition, à intervalles plus ou moins réguliers, de la même phrase ou du même vers, soit la reprise en fin de vers ou de phrase du mot ou de l'expression qui le (ou la) commence, comme dans ce vers d'ARAGON :

Onze ans déjà que cela passe vite onze ans.

On la retrouve aussi dans ce quatrain de CORNEILLE, à chaque début de vers :

Rome, l'unique objet de mon ressentiment !

Rome, à qui vient ton bras d'immoler mon amant !

Rome qui t'a vu naître, et que ton cœur adore !

Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore !

Il y a tout un art de l'épanalepse et Louis ARAGON l'a possédé à la perfection lorsqu'il évoquait l'obsession des images, le retour des souvenirs, en une forme qui se rapproche alors, parfois, de la chanson :

LES LARMES SE RESSEMBLENT


Dans le ciel gris des anges de faïence

Dans le ciel gris des sanglots étouffés...

J'ai bu l'alcool transparent des cerises

J'ai bu les serments échangés tout bas...

Il me souvient des chansons qui m'émurent

Il me souvient des signes à la craie...




**


Epanalepse ou antépyphore ?



jeudi 27 juillet 2017

Mambrino. Noces






Jean Mambrino

1923-2012










Noces



Sur la mer en fleur

Des îles germent dans le soir,
Des milliers d'îles sur la mer
Aussi limpide que le bonheur 
Des anges. Mieux que les vagues la lumière
Nous parle à travers l'épaisseur de la gloire.
On effeuille pour nous une rose d'argent.
Ce n'est pas le vent, ni aucune haleine
Créée qui répand
Ces pétales sur les plaines
Marines. Qui pourrait refuser cette fête
Les épousailles du ciel et de l'eau ? Le cortège 
Passe sous le dôme des mouettes.
De toutes parts les forêts lèvent leurs flambeaux
Sur lesquels la nuit tombe comme la neige.
Les noces, les noces enfin sont prêtes !
L'heure est venue  de boire au calice des eaux.



Jean MAMBRINO


in La ligne du feu
1974


Baie de Canche, février 2013, photo Nuageneuf


"... Qui pourrait refuser cette fête
Les épousailles du ciel et de l'eau ? "


mercredi 26 juillet 2017

RIMBAUD. Michel et Christine






Michel et Christine


Zut alors, si le soleil quitte ces bords !
Fuis, clair déluge ! Voici l'ombre des routes.
Dans les saules, dans la vieille cour d'honneur,
L'orage d'abord jette ses larges gouttes.

O cent agneaux, de l'idylle soldats blonds,
Des aqueducs, des bruyères amaigries,
Fuyez ! plaine, déserts, prairie, horizons
Sont à la toilette rouge de l'orage !

Chien noir, brun pasteur dont le manteau s'engouffre,
Fuyez l'heure des éclairs supérieurs ;
Blond troupeau, quand voici nager ombre et soufre,
Tâchez de descendre à des retraits meilleurs.

Mais moi, Seigneur ! voici que mon Esprit vole,
Après les cieux glacés de rouge, sous les
Nuages célestes qui courent et volent
Sur cent Solognes longues comme un railway.

Voilà mille loups, mille graines sauvages
Qu'emporte, non sans aimer les liserons,
Cette religieuse après-midi d'orage
Sur l'Europe ancienne où cent hordes iront !

Après, le clair de lune ! partout la lande,
Rougissant leurs fronts aux cieux noirs, les guerriers
Chevauchent lentement leurs pâles coursiers !
Les cailloux sonnent sous cette fière bande !

- Et verrai-je le bois jaune et le val clair,
L'épouse aux yeux bleus, l'homme au front rouge, - ô Gaule
Et le blanc Agneau pascal, à leurs pieds chers,
- Michel et Christine, - et Christ ! - fin de l’Idylle.

Arthur RIMBAUD 

in Poésies
non daté. Certainement de 1872 (voir note (*)  en bas de page)





  

"- Michel et Christine, - et Christ ! - fin de l’Idylle"
                        

DALI

Christ de St Jean de la Croix


________________________
(*) Non daté. Selon Steve Murphy, ce poème serait une réplique parodique à "Malines" de Verlaine (Romances sans paroles), poème du cycle belge daté d'août 1872. Ce qui impliquerait évidemment une date de rédaction ultérieure.

mardi 25 juillet 2017

DESNOS - Le Lis, l’amaryllis, le volubilis, la mélisse etc…






Le Lis, l’amaryllis, le volubilis,
la mélisse etc…



Monsieur de la Palice,

Dégourdi sans malice,

Cultive avec délices

Les lis, les amaryllis

Et les volubilis,

La réglisse pour Alice :

Méli, mélilot, mélisse.

Robert DESNOS 
in Chantefleurs.






L'amaryllis




Les volubilis




Le mélilot





lundi 24 juillet 2017

Philippe Garnier. Je suis un chien mouillé






Je suis un chien mouillé

Une voix quelque part
me souffle que pour ne pas mourir
il suffit de graver sa douleur dans la cire
ou bien de se planter dans les tripes
une pointe bic
et du papier

alors j'écris
j'écris quand il ne faudrait plus graver ses mots
que sur le marbre
depuis que chacun sait que le papier n'est autre
que le sang des arbres qui a coulé



Philippe Garnier

















jeudi 20 juillet 2017

2018. Exclu. Sujets du bac sous Emmanuel Macron











Philosophie :

– L’œuvre de Jean-Paul Sartre : acheter, vendre, conserver, sous-pondérer ou surpondérer ? Vous développerez vos recommandations aux investisseurs.
– Comment Paul Ricœur concilie-t-il le leadership inspirationnel (appelé verticalité en langue vernaculaire) avec la créativité communautaire bottom-up (appelée horizontalité en langue vernaculaire) pour optimiser la productivité de la vie politique ?
– En vous appuyant sur les statistiques de coûts des opérations militaires et de coûts des opérations de maintien de la paix dans le document joint, calculez la valeur nette actualisée du projet de paix perpétuelle d’Emmanuel Kant.
– Le sexe, l’argent et le pouvoir épuisent-ils les aspirations humaines ou faut-il en plus baratiner des trucs verticaux, genre transcendants ?
– Calculez le retour sur investissement de la lecture du Banquet de Platon (en prenant un exemplaire acheté 8 euros sur Amazon).
– Le désir sans frein est-il solvable ?
– L’esprit peut-il se départir des contraintes du compte d’exploitation ?

Littérature :

– « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse » : le concept marketing de l’obsolescence programmée dans l’œuvre de Jean de La Fontaine.
– Comparez Steve Jobs à François-René de Chateaubriand.
– Comment Marguerite Duras a-t-elle créé un overwhelming competitive advantage (aussi appelé en langue vernaculaire avantage compétitif décisif) dans le fiction market ?
– Les market trends dans l’autofiction.
– Vous décrirez la stratégie out of the box de Michel Houellebecq depuis Extension du domaine de la lutte.
– Quelles pourraient être les synergies entre le Bon Marché et l’œuvre de Balzac ? Écrivez une recommandation à la direction générale de LVMH.
– « Levez-vous, orages désirés » : la littérature nous enseigne-t-elle à casser les codes des business model ?
– Exercice d’invention : une femme trentenaire découvre son hétérosexualité et son catholicisme. Racontez ses doutes, sa lutte contre les préjugés culturels, et les stratégies qu’elle déploie pour faire accepter sa différence et amener finalement son jules devant un curé en vrai dans une église encore consacrée.
– Exercice d’invention : vous êtes DRH et un employé en open space a mis en fond d’écran la citation suivante : « La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres. » Racontez l’entretien préalable à son licenciement.

Histoire :

– César, Napoléon, Hollande, Macron : trouvez l’intrus.

mardi 18 juillet 2017

Baudelaire le Belgophobe?









Portait de Baudelaire par Etienne Carjat. 





Après L’Enfer d’une saison (Editions de Fallois), où il imaginait les errances et les pensées du jeune Rimbaud dans une Bruxelles caniculaire, « au soleil des Hespérides », sur les traces de Baudelaire place Royale et à l’Hôtel du Grand Miroir, Jean-Baptiste Baronian s’est amusé à reprendre à zéro le dossier Baudelaire au pays des Singes,  c’est-à-dire dans la Belgique de Léopold II. Nombre d’essais ont été composés sur ce séjour malheureux (1864-1866), qui se conclut par la crise d’hémiplégie de mars 1866, le début du calvaire, que le cruel destin lui inflige, ô ironie, dans l’église namuroise des Jésuites.

Un paria

Avec ce livre aussi vif que plaisant, sans l’air d’y toucher, le très érudit Jean-Baptiste Baronian met fin à quelques légendes tenaces. Ainsi, la belgophobie rabique du poète est d’emblée expliquée par la misanthropie avouée d’un écrivain qui se considère comme un paria, ulcéré de ne pas être reconnu par la critique… et fêté par de généreux éditeurs. « Ce livre sur la Belgique (…) est un essayage de mes griffes. Je m’en servirai plus tard contre la France. J’expliquerai patiemment toutes les rasions de mon dégoût du genre humain », écrit-il à Narcisse Ancelle dès le début de son séjour.
Malheureux en amour, horrifié par le monde industriel, écœuré par la comédie de Paris (et aussi terrifié à l’idée d’y affronter ses créanciers), déçu dans ses ambitions éditoriales (surtout quand il compare sa situation à celle du richissime Hugo), Baudelaire se réfugie en Belgique dans le but d’y faire un bon livre d’impressions sur le jeune royaume libéral, et dans l’espoir naïf d’y toucher le pactole.

… dépressif

Cette excursion se métamorphose vite en enfer et, malgré le relatif succès de ses conférences au Cercle artistique et littéraire, Baudelaire sombre vite dans la dépression, faute de signer les mirobolants contrats qu’il avait imaginés. D’où, malgré l’amitié d’un Félicien Rops (qualifié de « seul véritable artiste »), sa rage pathétique à l’encontre de la « Grotesque Belgique » et de sa « capitale pour rire ».


Baudelaire au pays des singes
par Jean-Baptiste Baronian
Pierre-Guillaume de Roux, 2017