mardi 20 février 2018

Anna de Noailles. La beauté du printemps




La beauté du printemps


Ainsi, quand j'aurai dit combien je vous adore,
Combien je vous désire et combien je t'attends,
Ivresse de l'année, ineffable Printemps,
Tu seras plus limpide et plus luisant encore
Que mon rêve volant, éclatant et chantant!

Les délicats sureaux et la pervenche blanche
Me surprendront ainsi que des yeux inconnus,
Les lilas me seront plus vivants et plus nus,
Le rosier plus empli du parfum qu'il épanche,
Et le gazon plus droit, plus lisse et plus ténu;

La juvénile odeur, aiguë, acide, frêle,
Des feuillages naissants, tout en vert taffetas,
Sera plus évidente à mon vif odorat
Que n'est aux dents le goût de la fraise nouvelle,
Que n'est le poids charmant des bouquets dans les bras.


Anna de Noailles
in Les Eblouissements





"...Que n'est le poids charmant des bouquets dans les bras."




Fernand LEGER
Les deux femmes au bouquet, 1921


Au sortir de la Première Guerre mondiale, Fernand Léger, profondément marqué par l'expérience du conflit, abandonne sa manière abstraite et opère un retour à la figure. A la fin des années 1920, alors que s'achève sa période mécanique, Léger peint une série de paysages animés et de nombreuses figures féminines.

Deux femmes sont ici représentées debout, dans un intérieur, un bouquet à la main. Vues respectivement de face et de profil, elles sont peintes en grisaille : seul le traitement coloré de leur bras respectivement rose et orange les différencie. Chaque élément de leur corps est traité comme une forme pure : ainsi la sphère du visage, la chevelure ondulée, le cône que forme le cou ou encore les bras cylindriques. Leur chromatisme et leur modelé contrastent avec le traitement géométrique de leur environnement qui laisse toutefois reconnaître un cactus dans son pot, une lampe à abat-jour et le pied torsadé d'un guéridon. L'absence d'expression des visages renforce l'impersonnalité de ces deux figures. La massivité de leur corps renforce le statisme de la composition d'où tout dynamisme est exclu. Avec les œuvres de cette série, Léger inaugure un nouveau style figuratif qui s'inscrit dans la tradition classique de la peinture française.

Toile exposée au Musée des Beaux Arts de LYON 



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