(...) Et d’un mouvement rapide, elle rejeta ses voiles et se dévêtit tout entière pour apparaître dans sa native nudité. Béni soit le ventre qui l’a portée ! C’est alors seulement que Nour put juger de la bénédiction qui était descendue sur sa tête ! Et il vit que la princesse était une beauté douce et blanche comme un tissu de lin, et qu’elle répandait de toutes parts la suave odeur de l’ambre, telle la rose qui sécrète elle-même son parfum originel. Et il la pressa dans ses bras et trouva en elle, l’ayant explorée dans sa profondeur intime, une perle encore intacte. Et il se mit à promener sa main sur ses membres charmants et son cou délicat, et à l’égarer parmi les flots et les boucles de sa chevelure, en faisant claquer les baisers sur ses joues, comme des cailloux sonores dans l’eau ; et il se dulcifiait à ses lèvres, et faisait claquer ses paumes sur la tendreté rebondissante de ses fesses. Et elle, de son côté, elle ne manqua pas de faire voir une partie considérable des dons qu’elle possédait et des merveilleuses aptitudes qui étaient en elle ; car elle unissait la volupté des Grecques aux amoureuses vertus des Egyptiennes, les mouvements lascifs des filles arabes à la chaleur des Ethiopiennes, la candeur effarouchée des Franques à la science consommée des Indiennes, l’expérience des filles de Circassie aux désirs passionnés des Nubiennes, la coquetterie des femmes du Yamân à la violence musculaire des femmes de la Haute-Egypte, l’exiguïté des organes des Chinoises à l’ardeur des filles du Hedjza, et la vigueur des femmes de l’Irak à la délicatesse des Persanes. Aussi les enlacements ne cessèrent de succéder aux embrassements, les baisers aux caresses et les copulations aux foutreries, pendant toute la nuit, jusqu’à ce que, un peu fatigués de leurs transports et de leurs multiples ébats, ils se fussent endormis enfin dans les bras l’un de l’autre, ivres de jouissances. (...)
In Les mille et une nuits
679ème nuit
traduction de Joseph Charles Mardrus-Editions Robert Laffont
Magritte
Les mille et une nuits, 1946
Superbe extrait, explicite autant que délicatement poétique.
RépondreSupprimerEt doublé d'une très passionnante leçon de géographie érotique.
Avis aux amateurs. Les Circassiennes ont de l'expérience et les Indiennes une science consommée! Sans oublier l'ardeur des filles du Hedjza !
Étrange que dame Caroline de Hass et ses furibardes n'aient pas encore demandé l'interdiction d'un brûlot si ouvertement phallocentrique.
Ils s'endormirent ensemble, ivres de jouissance.
RépondreSupprimerHélas, ils se réveillèrent le lendemain matin.
En vertu du Principe Unique pourrait-on dire avec facétie.
Amicalement depuis les Steppes. Belle journée : il gèle.
Il gèle également chez nous, sur les Causses.
SupprimerMais cet extrait lu à haute voix semble avoir tisonné quelques ardeurs renaissantes.
Magie de la poésie !
Belle journée à vous.
C'est la première fois que Magritte me rappelle Odilon Redon. Pour autant, je serais bien en peine de vous expliquer pourquoi : une impression fugace, un fantôme de souvenir ...
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