vendredi 14 décembre 2018

- "MACRON, ON EN VEUT PLUS !"




du monde d'orthographe,
vous fait partager sa passion
pour la langue française.
Bruno Dewaele, ancien prof. et champion du monde d'orthographe, partage ici sa passion pour la langue française.





Depuis sa décision, il y a quelque quatre ans, de faire valoir ses droits à une CSG revue à la hausse, l'auteur de ces lignes s'était habitué à l'idée qu'il n'aurait plus à évangéliser ces chères têtes réputées blondes.

Mais ça, c'était avant. 

Avant que, des plus fortuitement, il n'aperçût aux étranges lucarnes ce slogan que criait un carton ficelé aux grilles d'un lycée parisien : MACRON, ON EN VEUT PLUS !

Avouera-t-il que, l'espace d'un instant, il s'est demandé ce que le chef de l'État avait déjà lâché pour qu'on en réclamât ainsi davantage : ni renoncement à Parcoursup, pourtant, ni retour à l'ancien bac. À l'époque, les gilets jaunes n'avaient pas même obtenu d'un pouvoir jusque-là inflexible la suspension des taxes, l'annulation encore moins. Sa perplexité redoublant, il alla jusqu'à se demander s'il n'était pas tombé sur un foyer de jeunes réactionnaires qui, résolument à contre-courant, exigeaient... plus de Macron, exhortant ce dernier, envers et contre tous ceux qui traversent aujourd'hui la rue moins pour chercher du boulot que pour la dépaver, à maintenir le cap !

Avant que ne lui revienne, tel un boomerang, le souvenir de ses quarante années de sacerdoce. C'est immédiatement, alors, qu'il aurait soupçonné la faute et intercalé entre le « on » et le « en » la négation qui va bien, comme on aime à dire aujourd'hui : MACRON, ON N'EN VEUT PLUS ! C'est instantanément qu'il se serait retenu de prononcer le « s » final de plus. Question d'habitude. De résignation, aussi. Aurait-il déjà tant perdu ?

Et de rêver, pour la première fois, à la belle leçon de grammaire qu'il aurait pu faire s'il avait été encore en exercice. Non pas celle que l'on exhume toute raide d'un Bled ou d'un Bescherelle, depuis belle lurette couverte de poussière et de toiles d'araignée. Mais celle que l'on tire de la vie, et qui rappelle opportunément que, pour être entendu, il faut d'abord être compris.









12 commentaires:

  1. Permettez que j'appuie sur le "i" final de merci !
    J.

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    1. On ne peut s'empêcher de penser immédiatement à la scène du balcon (et du baiser!) et à la réplique si enjouée de Roxane la précieuse:

      Cyrano, à Roxane.

      -Oui, je… j’ai demandé, c’est vrai… mais justes cieux !
      Je comprends que je fus bien trop audacieux.

      Roxane, un peu déçue.

      -Vous n’insistez pas plus que cela ?

      ...

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  2. En flânant, hier soir, dans ma librairie préférée, je suis tombée sur un ouvrage considéré, si l’on s’en tient à ce qui est écrit sur le bandeau, comme : « La fiction politique de la rentrée littéraire ». Il s’agit en réalité d’un polar, signé François Médéline, intitulé : « Tuer Jupiter » (et là, je sens que les algorithmes de surveillance numérique vont s’affoler sur mon profil, pour avoir tapé un simple titre de roman ! ;-)). Toujours est-il que les premières pages m’ont divertie, j’ai ri quelquefois et j’ai fini par l’acheter. Je le trouve un peu cher, d’ailleurs, est-ce dû au fait qu’il soit publié par un éditeur indépendant ? Le roman s’ouvre sur les funérailles du chef de l’Etat, ce qui est assez gonflé et que je n’aurais pas cru toléré du vivant de ce dernier : preuve, finalement, du bon fonctionnement démocratique de nos Institutions. Sous d’autres latitudes, l’ouvrage aurait été immédiatement censuré, voire son auteur emprisonné. Le livre n’est pas exempt de quelques vulgarités : « Le président Larcher fit sa tête de taupe qui sort du cul d’une vache […] » ; « Brigitte Macron joua avec ses yeux qu’elle aurait voulus mystérieux mais qui inspiraient peau-de-zob. ». Un peu lourd, certes, mais efficace. En tout cas, on rit et c’est la raison pour laquelle on l’achète. J’espère y trouver, par la suite, du fond, une réflexion. Je n’en suis qu’aux premières pages et ne parviens pas encore à m’en faire une idée. Cependant, je salue l’originalité de l’entrée en matière. Pas de regret, quoi qu’il en sera, pour cet achat.

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  3. Puisque les blogs sont aussi, du moins j’aime à le croire pour certains, des lieux d’échange d’idées et de découvertes culturelles, j’en profite pour signaler la publication du dernier ouvrage d’Eric Phelippeau : « L’argent de la politique », aux Presses de Sciences Po (novembre 2018). C’est une veine pour tous ceux qui, contrairement à moi, n’ont pas eu la chance de recevoir son enseignement, car l’on y trouve l’essentiel, et plus encore, de ses cours sur la corruption, les « Affaires » politico-financières, le financement occulte des partis, le détournement des fonds publics et, naturellement, le spectre du lobbying. J’en recommande la lecture parallèlement à un court essai, mais néanmoins percutant, de Martin Hirsch, intitulé : « Pour en finir avec les conflits d’intérêts » (ed. Pluriel) qui propose, dans son avant-dernier chapitre, des « Recommandations », à savoir des pistes (entre autres sur la formation initiale de nos énarques et la nécessité d’un changement de paradigme) qui permettraient, peut-être, d’en finir avec les conflits d’intérêts.

    Sinon, Rosanvallon, dont je ne rate jamais une seule publication, vient de publier, au Seuil : « Notre histoire intellectuelle et politique 1968-2018 ». Page 335, on y trouvera une citation de Balzac, extraite de son « César Birotteau » déplorant la dissolution de la Nation : « car elle ne fait plus corps que par les ignobles soudures de l’intérêt matériel, que par les commandements du culte que crée l’Egoïsme bien entendu ? ». A lire et à relire d’urgence donc, aussi bien Rosanvallon que Balzac.

    Si vous avez des cadeaux de noël à faire … ;-)

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    1. Que voici une excellente idée ! Merci bien vivement de vos deux interventions complètes et particulièrement intéressantes. Espérons qu'elles pourront éveiller la curiosité des lecteurs et - qui sait ? inspirer quelques réponses-répliques ou autres.
      Félicitations en outre pour la qualité et le style impeccable de vos deux interventions.

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    2. Gaulois réfractaire15 décembre 2018 à 14:20

      Rosanvallon ?
      Otez-moi d'un doute ? Vous parlez de cet intellectuel au cursus sacrément mondain, bourgeois et honorifique qui, derrière de belles déclamations humanistes, a passé sa haute carrière à plaider pour l'adaptation, toujours l'adaptation, toujours la soumission à la fin des fins, à l'ordre établi du plus fort et du plus cynique, à la pseudo-démocratie représentative, aux formes contemporaines les plus brutales de l'aliénation : globalisation, marchandisation, financialisation, multiculturalisme, technocratie européenne gangrenée par le lobbying ?

      Chers amis, ouvrez les yeux. Sans le savoir, sans mettre connaître son nom, c'est contre les idées de soumission de Rosanvallon que se dressent les Gilets jaunes, contre cette compromission permanente (de ceux qui sont à l'abri!) avec le système mondialisé. Contre cette vaseline !

      Si c'est de lui dont vous parlez, je retourne au Rond-point, voir les copains, avec mon Proudhon !










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    3. Vous savez, ce que vous appelez la « globalisation » - à quoi je substituerai le terme « mondialisation » si vous le permettez, car à quoi bon tomber dans les anglicismes lorsque l’on peut les éviter – ce n’est jamais que l’ensemble des mécanismes traditionnels des relations économiques internationales ; mécanismes déjà théorisés par Smith et Ricardo. Lorsque vous buvez votre café du matin, vous êtes déjà dans la mondialisation des échanges car, à ce que je sache, les caféiers ne poussent pas dans le Lavandou (il en existe, certes, aux Antilles mais leur production est insuffisante), même chose pour le chocolat, le pétrole, le riz, les avocats, les oranges, le soja, le coton, le latex, le tabac, liste non exhaustive … Sachant, en outre, que le principe de spécialisation entre dans les facteurs de production (théorie ricardienne des avantages comparatifs), car il est plus cohérent que l’on produise du porto à Porto, des havanes à la Havane et de la Contrexéville à Contrexéville, Non ?

      Quant à la marchandisation des échanges, vous vous y inscrivez déjà déjà lorsque vous surfez sur Internet et que vous souscrivez à la politique de « confidentialité » des cookies, qui est tout sauf confidentielle. N’est-ce pas ? Ou, plus simplement, lorsque vous écoutez la radio, feuilletez un magazine, écoutez une émission de télé, tous sponsorisés par la publicité. Vous êtes dans la marchandisation des échanges et c’est vous qui construisez le marketing de demain. En fait, vous êtes ignoble ! ;-)

      Et, pour ce qui est de la financiarisation (j’imagine que c’est ce que vous vouliez entendre par « financialisation », à croire que les formes contemporaines les plus brutales de l’aliénation sont d’abord linguistiques ;-)), ce n’est pas tant sa mécanique régulationniste qui pose problème que sa logique spéculative. Il faut bien réguler l’économie, ce à quoi sert la financiarisation. En revanche, la libéralisation des taux de change, l’émission ou non de la monnaie, le mode de fixation des taux d’intérêts, etc… relèvent moins de la financiarisation que de choix purement politiques. Et ce sont ces choix politiques qui, par contamination (effet domino, boule de neige, ou autre) finiront par impacter l’économie réelle. Ces choix politiques ne sont ni de droite, ni de gauche (d’autant que, je vous le rappelle, les grandes avancées sociales sont bismarckiennes. L’Etat-Providence c’est Keynes sur le plan théorique, mais c’est Bismarck sur le plan pratique), ils sont claniques et lobbyistes. Je crois sincèrement que le problème est avant tout celui de la redistribution de la richesse qui, elle, relève d’un choix politique.

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  4. Détour notionnel, nécessaire, qui me permet d’en revenir à Rosanvallon qui, si j’en crois son parcours, est plutôt de gauche, encore que l’on s’en fiche. Rosanvallon est un sociologue, à savoir quelqu’un dont la position est celle d’un observateur et d’un analyste. Qu’il soit, par ailleurs, autre chose, ne me dérange en rien, pas plus que lorsque j’aborde Foucault que je ne réduis pas à des « expériences-limite », cela va de soi mais cela va encore mieux en le disant. Or, Rosanvallon, comme sociologue et comme observateur, prend acte de ce qui se passe sur le terrain social, économique et politique. Il observe, par exemple que : le facteur d’assouplissement des conditions de travail dans l’entreprise représente ¼ des motivations d’embauche (statistiques à l’appui) mais qu’en aucun ça, cela ne doit être la dimension suffisante à l’embauche. Il observe, par ailleurs, que les pays où le taux de chômage est en dessous de 7%, sont des pays dans lesquels il y a de mauvais emplois comme en Allemagne, en Angleterre ou aux Etats-Unis et, naturellement, dans les pays de l’Est européens. Il énonce des faits, sans complaisance particulière. A partir de ces observations, il pose la question du rapport entre protection sociale (Etat Providence) et politique du travail et, in fine, celle de leur harmonisation nécessaire. Voyez, on ne peut parler, en ce qui le concerne, d’adaptation forcée, de soumission évidente, à un ordre établi. Il questionne cet ordre. A ce titre, il est bien plus dans le « en même temps » macronien, que Macron lui-même. Rosanvallon propose également une réflexion qui me semble fondamentale sur la place des syndicats aujourd’hui. Place à reconquérir.
    Mais je reconnais que son discours sur l’égalité sociale, à savoir une redistribution équitable en riches et pauvres (par exemple le choix de la redistribution à l’individu avec les APL au détriment, selon lui, de l’investissement dans la pierre, avec pour résultante l’explosion du coût de l’immobilier) n’est pas un discours auquel je souscris. L’idée d’une fiscalité sur les plus-values immobilières pour ceux qui ont acheté leur maison, il y a très longtemps, n’est pas non plus un point de vue que j’adopte. C’est sûr, ce n’est pas un ultra-gauche.

    Il n’empêche que ses ouvrages présentent l’avantage d’interroger le fait démocratique : son impartialité, sa réflexivité, sa proximité. C’est un des seuls à le faire. Il interroge nos autorités indépendantes, nos cours constitutionnelles ainsi que l’idée d’une contre-démocratie et même celle de Révolution. A partir de ces éléments, à soi de reconnaître les catégories auxquelles on est sensible. Rosanvallon se contente de retracer une histoire, car il est historien et même disciple de Furet, de la commenter, de l’analyser, mais vous ne pouvez pas l’accuser de favoriser une échelle de valeurs au détriment d’une autre. Il fait son job et il le fait plutôt bien.

    Autrefois, j’avais un prof d’allemand qui définissait l’intelligence par la curiosité. Et, en effet, l’intelligence est curieuse. Rien de pire que de s’interdire de lire un un écrivain, un philosophe, un politiste, pour des raisons partiales : idéologiques, raciales, religieuses, éthiques etcaetera … Pendant très longtemps, je me suis interdit de lire « Le choc des civilisations » d’Huntington et c’est bien dommage car on y trouve une analyse de la fin de la guerre froide des plus pertinentes. Au contraire, j’ai adhéré immédiatement aux analyses de « La fin de l’Histoire-le dernier homme » de Fukuyama, parce que c’était politiquement correct. Or, non seulement Fukuyama a été l’élève d’Huntington, détail non négligeable que l’on s’empresse, un peu vite d’oublier, mais il est revenu sur ce qu’il avait lui-même allégué antérieurement (à savoir l’extension de la démocratie comme modèle) dans un autre ouvrage : « Le début de l’Histoire ». Preuve s’il en est qu’il faut savoir rester curieux sans limiter son intelligence à des a priori, ouvrir les champs comparatifs, prendre ce qu’il y a à prendre, forger ses propres opinions.

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  5. Ciao
    Je découvre ce blog, je crois que j'ai trouvé un remède pour passer l'hiver !
    Je ne suis pas très érudite, pas trop distinguée, pas élégante, mais ça me plait bien . Je vais apprendre.
    Mais comment allons nous faire si "plus personne ne sait ce que signifie les mots et les images des autres " ? ( Bjorn Larsson Le capitaine et les rêves )
    Cécile

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    1. Ce que vous dites de vous et que, par projection narcissique et pathologique, vous aimeriez que je m'approprie comme mes propres défauts, me semble assez juste, Cécile. Vous êtes très exactement cette projection créée par votre esprit.

      Bon courage !

      Ps: Je salue vos efforts, mais je crains qu'ils soient insuffisants pour m'interdire cet espace et le droit de m'y exprimer.

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  6. Oups, j'ai fait une erreur d'orthographe, je suis rouge de honte !
    il faut lire ' (...)ce que signifient(...)

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    1. Oups de Oups, t'es une fille et t'as pas de shampooing, Cécile ? Non, mais allô quoi ! Et si tu allais jeter un coup d'oeil sur le tuto maquillage de Camille Bordas ? Tu n'apprendras ni à parler correctement, ni à réfléchir censément, tu n'auras pas même une idée de ce qu'est la beauté féminine car on en est loin, mais tu seras pas plus con, c'est déjà ça.

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