Le Legs
Et voici, Père Hugo, ton nom sur les murailles !
Tu peux te retourner au fond du Panthéon
Pour savoir qui a fait cela. Qui l’a fait ? On !
On c’est Hitler, on c’est Goebbels… C’est la racaille,
Un Laval, un Pétain, un Bonnard, un Brinon,
Ceux qui savent trahir et ceux qui font ripaille,
Ceux qui sont destinés aux justes représailles
Et cela ne fait pas un grand nombre de noms.
Ces gens de peu d’esprit et de faible culture
Ont besoin d’alibis dans leur sale aventure.
Ils ont dit : « Le bonhomme est mort. Il est dompté. »
Oui, le bonhomme est mort. Mais par-devant notaire
Il a bien précisé quel legs il voulait faire :
Le notaire a nom : France, et le legs : Liberté.
Robert DESNOS
in Ce cœur qui haïssait la guerre
* * *
Ce poème a été publié le 14 juillet 1943, date symbolique. Robert Desnos ne l’a donc pas signé de son véritable nom, mais sous le pseudonyme de Lucien Gallois, afin de masquer son identité. En effet, il risquait d’être arrêté par la Milice française ou les Allemands.
L’Honneur des poètes publié clandestinement par Eluard rassemble alors divers poèmes d’écrivains engagés contre les nazis.
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