Le Général de Gaulle s'est éteint le 9 novembre 1970.
"Puisque tout recommence toujours, ce que j'ai fait sera,
tôt ou tard, source d'ardeurs nouvelles,
après que j'aurai disparu."
Charles de Gaulle in Mémoires de guerre, tome 3.
Dessin de Jacques FAIZANT. Le Figaro. 10 novembre 1970.
Le magnifique hommage de Jacques Faizant représente Marianne pleurant ou priant sur le tronc d'un chêne abattu. L'ombre de Victor HUGO est présente et évoque ce vers dans Toute la lyre où se trouve l'éloge de HUGO à Théophile GAUTIER :
(...) Oh ! Quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule ! (...)
Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule ! (...)
Les chênes qu'on abat donnera également à André Malraux le titre de son livre paru dès après la mort du Général, en 1971. Ce livre retrace le long dialogue que le Général eut avec Malraux.
Un char EBR Panhard transporte le cercueil du Général depuis
La Boisserie jusqu'à l'église de Colombey.
Commentaire Anonyme reçu sur l'ancien blog :
12 novembre à Colombey.
Cet automne 1970, l'été de la Saint Martin fut particulièrement doux.
Notre autocar, parti le matin d'Aix en Provence, arriva en tout début de nuit, parmi les premiers, sinon le premier.
Hors quelques discrets gendarmes à pied, et un fourgon technique de l'ORTF déjà installé, le petit bourg était désert.
Autour du cimetière les arbres portaient encore presque toutes leurs feuilles.
Une attente de quinze heures commença, face à la sortie du cimetière, point de vue exceptionnel que nous nous étions donné. Un vent froid finit par se lever.
Au petit jour, un grand nombre de feuilles étaient à terre.
Tôt dans la matinée, le village fut plein à craquer, jusqu'aux toits.
Souvent, côté église, un grand drapeau québécois fleurdelisé tournoyait au-dessus des têtes et occupait l'attente.
Nulle impatience toutefois. Comme si les témoins, les participants, aspiraient à profondes goulées l'air de ce moment qu'ils devinaient intemporel.
Nous étions désormais des milliers au coude à coude. Et ce qui domine dans mon souvenir est l'extraordinaire qualité du silence de cette foule là, la densité de ce
silence, empreint d'émotion contenue, frémissante, pudique, pas même troublé par le tournoiement d'un hélicoptère.
Le glas se fit entendre, ponctuant la lente arrivée à pied de la famille et des Compagnons.
Des coups de vent plus violents dépouillèrent un peu plus les grands arbres.
L'image de ce soudain dépouillement n'a cessé de me hanter depuis.
Commentaire de Patrick Mandon reçu sur l'ancien blog :
Cher Nuage, tout le Général est dans cet extrait : un pessimisme des plus rudes, le sentiment héraclitien de l'« éternel retour du même », et la conviction qu'une renaissance est toujours possible. On dira sans doute qu'il ne se prenait pas pour rien. Et il avait bien raison ! Sa France est à la fois abstraite et incarnée, charnelle. Elle est médiévale ; d'ailleurs, sa mort est celle d'un connétable. Tout le personnel de La Boisserie muet, accablé, les simples gens du village et d'ailleurs, silencieux, recueillis, respectueux… Jean Mauriac a superbement décrit tout cela dans « Mort du général de Gaulle » (Grasset).
Salut et fraternité, Nuage toujours neuf, toujours recommencé !
Salut et fraternité, Nuage toujours neuf, toujours recommencé !
Commentaire de Jacques reçu sur l'ancien blog :
Décembre 1969. Dernier entretien entre De Gaulle et Malraux, à Colombey.
"Des branches de noyers se tordent sur le ciel éteint. Je pense à mes noyers d'Alsace, leur grande circonférence de noix mortes au pied du tronc - de noix mortes destinées à devenir des graines : la vie sans hommes. Nous aurons tenté de faire ce que peut faire l'homme avec ses mains périssables, avec son esprit condamné, en face de la grande race des arbres, plus forte que les cimetières".
(Les chênes qu'on abat)
"Des branches de noyers se tordent sur le ciel éteint. Je pense à mes noyers d'Alsace, leur grande circonférence de noix mortes au pied du tronc - de noix mortes destinées à devenir des graines : la vie sans hommes. Nous aurons tenté de faire ce que peut faire l'homme avec ses mains périssables, avec son esprit condamné, en face de la grande race des arbres, plus forte que les cimetières".
(Les chênes qu'on abat)
Pasolini parlait, lui, "de la force révolutionnaire du passé".
RépondreSupprimerEspérons que jaillisse enfin cette "source d'ardeurs nouvelles".
En l'état de l’École en particulier et de la société en général, elles seraient fort bienvenues.
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