jeudi 22 juin 2017

Apollinaire. Juins de Paris







Juins de Paris

Juin ton soleil ardente lyre                       
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le coeur d'y mourir

Les dimanches s'y éternisent
Et les orgues de Barbarie
Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris
Penchant comme la tour de Pise                    

Soirs de Paris ivres du gin
Flambant de l'électricité                                  
Les tramways feux verts sur l'échine
Musiquent au long des portées
De rails leur folie de machines

Les cafés gonflés de fumée
Crient tout l'amour de leurs tziganes
De tous leurs siphons enrhumés
De leurs garçons vêtus d'un pagne
Vers toi toi que j'ai tant aimée

Moi qui sais des lais pour les reines
La complainte de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal-aimé
Et des chansons pour les sirènes


Guillaume Apollinaire
in La chanson du mal aimé
1913


...Y sanglotent dans les cours grises
Les fleurs aux balcons de Paris...



Piet MONDRIAN
La Place de la Concorde
tableau commencé en 1938, terminé en 1943



 ...Soirs de Paris ivres du gin...

Marc CHAGALL
Le quai de Bercy, 1953


3 commentaires:

  1. Il m'a toujours semblé que le dernier quintil est d'inspiration nervalienne. Suis-je la seule à le penser ?

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    1. Bien difficile de vous répondre. Carla Bruni, pardon, car Labrunie n'écrivit-il pas sous une photo de lui : "Je suis l'autre"... Il faudrait peut-être chère Aukazou préciser un peu.

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  2. "Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
    Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
    J'ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène...

    Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
    Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
    Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée. "

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