Stephan Zweig, morceau choisi
"Ce que je fis alors, comment pouvait-il en être autrement, fut tout aussi absurde, c'était idiot, stupide même, j'éprouve presque de la honte à vous le raconter - mais je me suis promis, je vous ai promis, de ne rien passer sous silence : eh bien, alors, j'ai... j'ai voulu la retrouver... comprenez par là que j'ai voulu retrouver ces instants que j'avais passés avec elle... je ressentais le violent désir de revoir tous les lieux où nous avions été ensemble , [...], rien que pour revivre une fois encore, encore, ce qui s'était passé. [...] pour que chaque parole, chaque geste se renouvelle en moi une fois de plus - voyez comme mon trouble était puéril et insensé. Mais songez aussi avec quelle fulgurance ces événements-là m'avaient assailli - je n'avais guère ressenti autre chose qu'un grand coup qui m'avait étourdi. [...], je voulais savourer encore trait pour trait, en me les rappelant, ces instants trop vite enfuis, à la faveur de cet aveuglement magique que nous appelons souvenir - au vrai : ce sont des choses qu'on saisit ou qu'on ne saisit pas. Peut-être faut-il un cœur brûlant pour les comprendre."
Stefan Zweig
in Vingt-quatre heures de la vie d'une femme
Bouleversant.
RépondreSupprimerMme Angot devrait lire Zweig.
RépondreSupprimerPeu de chance qu'elle rougisse de honte. Mais cela vaut d'essayer.
J.