vendredi 24 novembre 2017

Obaldia. Fantasmes de Demoiselles





Deux poèmes choisis dans 

Fantasmes de Demoiselles, femmes faites ou défaites cherchant l'âme soeur









[Cherche] Un mutant sexy
Venant d'une autre galaxie
Sans passeport sans diplôme
Fleurant bon l'ozone
Pas tout à fait un homme
Et pourtant :

Un corps à l'emporte-pièce
Mi-bestial mi-déesse. Des bras partout                                

Un nez plus ou moins flou
Un torse
Digne du Crazy Horse
Cuisses de Jupiter
Un membre du tonnerre.
Des relents d'Uranus
Des langueurs de Vénus
Un regard ultra-violet
Et des cils comme des œillets.
Et sa voix !
Une voix de comète émaillée de hautbois
Vu ses étranges facultés
Sa multiplicité                                                                      

 Quand il me prendra
De tous les côtés à la fois                 
Et que, la tête en bas
J'apercevrai une étoile au fond du matelas
Mamma mia !











*** 


[Cherche] un homme qui n’existe pas
Beau
Mais pas trop.
Doux et rude
Paillard bien que prude
Religieux et mécréant
Peau de vache et bon enfant
Fleurant le soufre et la lavande
Végétarien aimant la viande.
Voyageur et casanier
Désinvolte et cavalier :
A toutes les heures qui sonnent
S’occupant de ma personne
Aux grands, aux petits soins
Surtout quand j’ai le rhume des foins.
Me procurant belle aisance
Sans éprouver de repentance
Point jaloux de mes soupirants
Allons plus loin : de mes amants
Tant il bénit mon existence !
Faisant semblant d’être ailleurs
Quand il m’attend chez le coiffeur.
M’amenant toujours au théâtre
Quand c’est Antoine et Cléopâtre.
Toujours chic, même débraillé
Même complètement déshabillé
Froid
Comme saint Eloi
Chaud
Quand il le faut.
Prônant le pour et son contraire
Trois mailles à l’endroit trois mailles à l’envers
N’importe quoi pour me plaire

Bon. De ce pas
Je vais aller me promener au Bois
Si quelquefois…quelquefois
Je rencontre un homme qui n’existe pas. 



René de Obaldia
In Fantasmes de Demoiselles



Magritte. Le blanc-seing, 1965




"...De ce pas
Je vais aller me promener au Bois
Si quelquefois…quelquefois
Je rencontre un homme qui n’existe pas. "


2 commentaires:

  1. Ah ben tiens !
    Vlà qu'la photo du Jupiter y-est pas dans les ceusses qui font rêver les mam’zelles !

    L'Obaldia en a causé pourtant :

    "Un torse
    Digne du Crazy Horse
    Cuisses de Jupiter
    Un membre du tonnerre."

    Psssss ! Un membre du tonnerre !

    La veine, Brizitt !


    RépondreSupprimer
  2. C'est du tout bon ce qui n'existe heureusement pas.

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.