Le Lait
Dans la cave très basse et très étroite, auprès
Du soupirail prenant le jour au Nord, les jarres
Laissaient se refroidir le lait en blanches mares
Dans les rouges rondeurs de leur ventre de grès.
Ou eût dit, à les voir dormir dans un coin sombre,
D'énormes nénuphars s'ouvrant par les flots lents,
Ou des mets protégés par des couvercles blancs
Qu'on réservait pour un repas d'anges, dans l'ombre.
Sur double rang étaient couchés les gros tonneaux.
Et les grands plats portant jambons et jambonneaux,
Et les boudins crevant leur peau, couleur de cierge,
Et les flans bruns, avec du sucre au long des bords,
Poussaient à des fureurs de ventres et de corps...
Mais en face, le lait restait froid, restait vierge.
Émile VERHAEREN
1855-1916
in Les Flamandes
1883
création et photo @Ivan
... Dans la cave très basse et très étroite, auprès
Du soupirail prenant le jour au Nord, ...
Ce Lait, se refroidissant au jour du Nord, à la lumière des boudins "couleur de cierge" devient froid à la fin de ce poème célébrant la virginité des fla... des fla... des Flamandes.
RépondreSupprimerVerhaeren est hélas, à mon avis, bien trop oublié aujourd'hui.
C'est entre autres pour cette raison que nous nous efforçons de publier ses poèmes. Cela dit, on rappellera que E.Verhaeren est un poète particulièrement sensuel.
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