Amarissimes
Est-ce moi qui pleurais ainsi
— Ou des veaux qu’on empoigne —
D’écouter ton pas qui s’éloigne,
Beauté, mon cher souci ?
Et (je t’en fis, à pneumatique,
Part, — sans aucun bagou)
Ces pleurs, ma chère, avaient le goût
De l’onde adriatique.
Oui, oui : mais vous parlez de cri,
Quand je repris ma lettre.
Grands dieux !... J’aurais mieux fait, peut-être,
D’écrire à son mari.
Paul-Jean TOULET
Contrerimes, 20
...Grands dieux !... J’aurais mieux fait, peut-être,
D’écrire à son mari.
Martin Drölling (1752-1817). Homme nu, assis et écrivant.
Palais des Beaux-Arts de Lille.
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Musée d'Orsay en 2014
Masculin / Masculin. L'homme nu dans l'art de 1800 à nos jours.
Pourquoi aucune exposition n'a-t-elle jamais été dédiée au nu masculin jusqu'à Nackte Männer au Leopold Museum de Vienne l'année dernière ? C'est pour répondre à cette question que l'exposition d'Orsay confronte des oeuvres, à travers les époques et les techniques, autour de grands thèmes qui ont forgé la représentation du corps masculin sur plus de deux siècles.
Il faut avant tout distinguer la nudité et le nu : un simple corps dépouillé de ses vêtements, qui suscite la gêne par absence de pudeur, diffère de la vision épanouie d'un corps remodelé et idéalisé par l'artiste. Si cette distinction peut être nuancée, elle met en exergue la valeur positive et décomplexée du nu dans l'art occidental depuis la période classique.
Pour notre époque, le nu évoque essentiellement un corps féminin, héritage d'un XIXe siècle l'érigeant en absolu et en objet d'un désir viril assumé. Auparavant pourtant, le corps féminin était moins valorisé que son homologue masculin, plus structuré et musculeux. Au moins depuis la Renaissance, le nu masculin avait bénéficié de la primauté : l'homme en temps qu'être universel se confondait dans l'Homme et son corps était érigé en norme du genre humain, comme c'était déjà le cas dans l'art gréco-romain. Le fond culturel judéo-chrétien occidental abonde dans ce sens : Adam préexiste à Eve qui n'est autre que sa copie à l'origine du péché.
Dans leur grande majorité, les artistes hommes trouvent dans le nu masculin un "moi idéal", miroir magnifié et narcissique d'eux-mêmes. Jusqu'au milieu du XXe siècle, l'organe sexuel fait pourtant l'objet d'une certaine pudeur, qu'il soit atrophié ou bien dissimulé sous quelque draperie, lanière ou fourreau d'épée subtilement placés.
DAVID
Académie d'homme, 1778
actuellement au Musée d'Orsay
LA beauté ou LE beau ? Qui donc vient en premier pour le commun en notre XXIéme ?
RépondreSupprimer"Des veaux qu'on empoigne".
RépondreSupprimerSe pourrait-il que Toulet ait anticipé le sort assigné aux électeurs de
Jupiter ?
Troublant...