Pétrus d'Aubervilliers
Parce qu'il est bourré d'aubert et de bectance
L'Auverpin mal lavé, le baveux des pourris
Croit-il encore farcir ses boudins pas trop rances
Avec le sang des gars qu'on fusille à Paris ?
Pas vu ? Pas pris ? Mais il est vu, donc il est frit,
Le premier bec de gaz servira de potence,
Sans préventive, sans curieux et sans jury
Au demi-sel qui nous a fait payer la danse.
Si sa cravate est blanche elle sera de corde.
Qu'il ait les roustons noirs ou bien qu'il se les morde,
Il lui faudra fourguer son blaze au grand pégal (*).
Il en bouffe, il en croque, il nous vend, il nous donne
Et, à la Kleberstrasse, il attend qu'on le sonne.
Mais nous le sonnerons, nous, sans code pénal.
Dernier sonnet à l'attention de Pierre LAVAL
Robert DESNOS
A la caille, 1944
Poème écrit en 1943 et publiés en 1945 sous le pseudonyme de Cancale
(*) En langage familier, le pégal signifie le Mont-de-piété.
* * *
“ Ce que j’écris ici ou ailleurs n’intéressera sans doute dans l’avenir que quelques curieux espacés au long des années. Tous les vingt-cinq ou trente ans, on exhumera dans des publications confidentielles mon nom et quelques extraits, toujours les mêmes. Les poèmes pour enfants auront survécu un peu plus longtemps que le reste. J’appartiendrai au chapitre de la curiosité limitée". Robert DESNOS
" Les poèmes pour enfants auront survécu un peu plus longtemps que le reste."
RépondreSupprimerOn peut le regretter, quand on voit, comme ici, de quelle puissance et singularité sont tissés les poèmes... pour grandes personnes.
Oui. Merci.
Supprimer"Les roustons noirs"... Ça passe + aujourd'hui.
RépondreSupprimerEn revanche : "Pas vu ? Pas pris" ? C'est de l'actualité mise en boîte au frisson.