Un poème de Paul Claudel, de l’Académie française
François Claudel, petit-fils de l’écrivain diplomate Paul Claudel, donne ce poème rédigé par son grand-père, en octobre 1911 et paru dans Le Figaro en mai 1938, extrait de Images saintes en Bohême. Il le lui avait offert pour un Noël, quand il était enfant.
Prague n'est pas seulement la cité de Jan Hus, elle est celle de saint Jean Nepomucène et de saint Wenceslas, celle que couvre de son ombre la cathédrale du Hradschin. Et elle est surtout celle de l'Enfant Jésus, qui la couvre de sa protection.
L’Enfant Jésus de Prague
Il neige.
Le grand monde est mort sans doute. C'est décembre.
Mais qu'il fait bon, mon Dieu, dans la petite chambre !
La cheminée emplie de charbons rougeoyants
Colore le plafond d'un reflet somnolent,
Et l'on n'entend que l'eau qui bout à petit bruit.
Là-haut sur l'étagère, au-dessus des deux lits,
Sous son globe de verre, couronne en tête,
L'une des mains tenant le monde, l'autre prête
À couvrir ces petits qui se confient à elle,
Tout aimable dans sa grande robe solennelle
Et magnifique sous cet énorme chapeau jaune,
L'Enfant Jésus de Prague règne et trône.
Il est tout seul devant le foyer qui l'éclaire
Comme l'hostie cachée au fond du sanctuaire,
L'Enfant-Dieu jusqu'au jour garde ses petits frères.
Inentendue comme le souffle qui s'exhale,
L'existence éternelle emplit la chambre, égale
À toutes ces pauvres choses innocentes et naïves !
Quand il est avec nous, nul mal ne nous arrive.
On peut dormir, Jésus, notre frère, est ici.
Il est à nous, et toutes ces bonnes choses aussi :
La poupée merveilleuse, et le cheval de bois,
Et le mouton sont là, dans ce coin tous les trois.
Et nous dormons, mais toutes ces bonnes choses sont à nous !
Les rideaux sont tirés... Là-bas, on ne sait où,
Dans la neige et la nuit sonne une espèce d'heure.
L'enfant dans son lit chaud comprend avec bonheur
Qu'il dort et que quelqu'un qui l'aime bien est là,
S'agite un peu, murmure vaguement, sort le bras,
Essaye de se réveiller et ne peut pas.
L’Enfant Jésus de Prague
Il neige.
Le grand monde est mort sans doute. C'est décembre.
Mais qu'il fait bon, mon Dieu, dans la petite chambre !
La cheminée emplie de charbons rougeoyants
Colore le plafond d'un reflet somnolent,
Et l'on n'entend que l'eau qui bout à petit bruit.
Là-haut sur l'étagère, au-dessus des deux lits,
Sous son globe de verre, couronne en tête,
L'une des mains tenant le monde, l'autre prête
À couvrir ces petits qui se confient à elle,
Tout aimable dans sa grande robe solennelle
Et magnifique sous cet énorme chapeau jaune,
L'Enfant Jésus de Prague règne et trône.
Il est tout seul devant le foyer qui l'éclaire
Comme l'hostie cachée au fond du sanctuaire,
L'Enfant-Dieu jusqu'au jour garde ses petits frères.
Inentendue comme le souffle qui s'exhale,
L'existence éternelle emplit la chambre, égale
À toutes ces pauvres choses innocentes et naïves !
Quand il est avec nous, nul mal ne nous arrive.
On peut dormir, Jésus, notre frère, est ici.
Il est à nous, et toutes ces bonnes choses aussi :
La poupée merveilleuse, et le cheval de bois,
Et le mouton sont là, dans ce coin tous les trois.
Et nous dormons, mais toutes ces bonnes choses sont à nous !
Les rideaux sont tirés... Là-bas, on ne sait où,
Dans la neige et la nuit sonne une espèce d'heure.
L'enfant dans son lit chaud comprend avec bonheur
Qu'il dort et que quelqu'un qui l'aime bien est là,
S'agite un peu, murmure vaguement, sort le bras,
Essaye de se réveiller et ne peut pas.
Paul Claudel
Images saintes en Bohême
L'Enfant-Jésus de Prague est une statuette représentant Jésus-Christ enfant située à Prague en République tchèque. Elle est le support d'une dévotion envers l'enfance de Jésus dans le catholicisme.
La statuette mesure environ 48 centimètres de hauteur et est faite de cire. Elle représente l'Enfant-Jésus levant la main droite en signe de bénédiction tandis qu'il soutient le globe terrestre de sa main gauche. La statuette est également coiffée d'une couronne. Le globe et la couronne, symboles royaux, manifestent la toute-puissance de Jésus qui est également le fondateur et le protecteur du Royaume de Dieu. La statuette est revêtue de tenues brodées qui lui sont offertes par des fidèles en signe d'action de grâce, c'est-à-dire pour remercier l'Enfant-Jésus de grâces obtenues.
* * *
Prague est également connue et célébrée
pour son cimetière juif.
Le vieux cimetière juif de Prague se situe dans l'ancien quartier juif de Josefov dans la vieille ville.
Il était en fonction de 1478 à 1786, succédant au cimetière appelé « jardin juif » qui a été découvert au cours de fouilles archéologiques sous la rue Vladislavova dans la Nouvelle Ville.
Le nombre exact de pierres tombales et de morts enterrés est imprécis car il y a parfois plusieurs couches de tombeaux, mais il est estimé à douze mille tombes.
L'enfant Jésus de Prague de Claudel n'ayant + guère d'échos aujourd'hui, évoquer pour l'étoffer l'existence du cimetière juif me paraît opportun.
RépondreSupprimerCette photo du cimetière de Prague me rappelle cette phrase de Bobin, in "Noireclaire" :
RépondreSupprimer" Les vieilles pierres parlaient de quelque chose qui ne connaîtra jamais la fatigue".
Merci de cette belle citation tant il est vrai qu'il est difficile de se tromper en appelant Bobin.
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