Je ne
possède plus rien
Je sais
maintenant que je ne possède rien,
pas même
ce bel or qui est feuilles pourries,
encore
moins ces jours volant d'hier à demain
à grands
coups d'ailes vers une heureuse patrie.
Elle fut
avec eux, l'émigrante fanée,
la beauté
faible, avec ses secrets décevants,
vêtue de
brume. On l'aura sans doute emmenée
ailleurs,
par ces forêts pluvieuses. Comme avant,
je me
retrouve au seuil d'un hiver irréel
où chante
le bouvreuil obstiné, seul appel
qui ne
cesse pas, comme le lierre. Mais qui peut dire
quel est
son sens? Je vois ma santé se réduire,
pareille
à ce feu bref au-devant du brouillard
qu'un
vent glacial avive, efface... Il se fait tard.
Philippe JACCOTTET
in L'effraie
1946-1950
___________________ Philippe Jaccottet, né le 30 juin 1925 à Moudon, est un écrivain, poète, critique littéraire et traducteur suisse. Il est le 3e poète après René Char et Saint John Perse à être publié de son vivant dans la Pléiade.
1946-1950
___________________ Philippe Jaccottet, né le 30 juin 1925 à Moudon, est un écrivain, poète, critique littéraire et traducteur suisse. Il est le 3e poète après René Char et Saint John Perse à être publié de son vivant dans la Pléiade.
Ici, comme toujours, il y a l'après-Jaccottet.
RépondreSupprimerCette suspension du futile.
Ce poème ramène comme un ressac celui d'Eluard.
"Je fis un feu.
Un feu pour m’introduire dans la nuit d'hiver".
J.
Merci de ce commentaire particulièrement éclairé (et éclairant).
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