samedi 3 avril 2021

Marina Tsvetaieva.Se faufiler









Se faufiler

Mais la plus belle victoire 
sur le temps et la pesanteur — 
c’est peut-être de passer 
sans laisser de trace, 
de passer sans laisser d’ombre. 

Sur les murs… 
Peut-être, subir 
un refus ? Être rayée des miroirs ? 
Ainsi : Lermontov dans le Caucase 
s’est faufilé sans alarmer les rochers. 

Mais, peut-être, le meilleur amusement 
du Doigt de Sébastien Bach 
est-il de ne pas toucher de l’orgue l’écho ? 
Se disloquer, sans laisser de cendres 

dans l’urne… 
Peut-être — subir 
une tromperie ? S’exclure des vastitudes ? 

Ainsi : se faufiler à travers 
le temps, comme l’océan, sans alarmer les eaux…



14 mai 1923 

Marina Tsvetaieva
In Insomnie et autres poèmes


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Nationalité : Russe
Née à Moscou, le 08/10/1892
Morte à : Ielabouga, le 31/08/1941


Marina Ivanovna Tsvetaïeva (Марина Ивановна Цветаева) est une poétesse russe.

Son premier recueil, "L'Album du soir", est édité alors qu'elle n'a que 18 ans.

En 1912, elle épouse Sergueï Efron qui lui donnera trois enfants. Après la révolution son mari rejoint les troupes des armées blanches. Marina retourne à Moscou où elle sera bloquée durant cinq ans. Elle aura à subir les terribles privations de ces années, en 1920 sa fille meurt de faim.

En 1921, elle apprend par Boris Pasternak que son mari est finalement en vie et qu'il réside à Prague. Pour Marina, c'est le début de dix-sept longues années d'exil, qui commencent par Berlin, puis Prague et Paris.

Les années 20 voient les poèmes de Marina rencontrer la faveur du public. En 1928, en rendant hommage à sa force poétique elle s'aliène les milieux de l'émigration. Même si elle écrit beaucoup pendant son exil, elle souffre d'être rarement publiée à cause de sa prise de position.

Son mari travaille avec la police secrète soviétique et participe à des attentats contre des opposants anti-staliniens, ce qu'elle semblait méconnaître. Sa fille Alia regagnera l'URSS en 1937, bientôt suivie par son père qui échappera ainsi à la police française.

En 1939, n'y tenant plus, Marina et son fils rentrent en Union soviétique. Le malheur l'y attend : son mari est fusillé en 1941, sa fille passe huit ans en prison. En 1941, Tsvetaïeva et son fils sont évacués à Ielabouga, dans la république de Tatarie. Elle s'y retrouve sans aucun soutien et se pend le 31 août 1941.

Son fils disparaîtra pendant la guerre et c'est grâce à sa fille revenue des camps que nous connaissons son œuvre.



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