Renée Vivien (1877-1909), née Pauline Mary Tarn, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque.
Elle était la fille d’une américaine et d’un britannique fortuné (John Tarn) qui mourut en 1886, lui laissant un héritage qui la mettait à l’abri du besoin.
Elle voyagea beaucoup à travers le monde. Ainsi, le Japon, Mytilène et Constantinople figuraient au nombre de ses destinations préférées.
En 1899, elle s’installe définitivement à Paris et prend un nom de plume : René Vivien, prénom qu’elle féminise ensuite en Renée.
En 1901, paraît son premier recueil : Études et préludes.
De 1901 à 1909, l’intense production littéraire et poétique se mêle à... des tentatives de suicide. Renée vit le spleen baudelairien, se drogue, boit de plus en plus d’alcool en solitaire.
Renée Vivien fut la première poétesse francophone à exprimer ouvertement son amour physique pour les femmes et la deuxième femme francophone (après Mme Dacier au XVIIe siècle) à traduire l’œuvre de Sappho en français.
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Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
Je partage leur vie intense en les touchant,
C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant.
Car mes doigts ont connu la chair des poteries
La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours.
Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l'ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.
Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.
Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! J'ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...
In Poèmes
1910
Marie Laurencin
Jeunes filles, 1909
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