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Ce n’est donc pas faire parler un mort ni lui faire injure que d’estimer que le traité de Maastricht puis le traité de Lisbonne, par lesquels la France renonce à sa souveraineté, n’auraient aucunement obtenu ses faveurs et qu’ils auraient même provoqué son courroux. Nombre de pouvoirs nationaux ont été transférés au niveau supranational. Désormais, le pouvoir véritable se trouve moins dans le Parlement européen que dans une Commission opaque rassemblant des gens qui ne sont pas élus par le peuple mais nommés par le chef de l’État du pays concerné. La monnaie n’est plus nationale, la diplomatie non plus, les frontières ont disparu, la défense est commune: quels sont dès lors les attributions de l’État et, partant, les attributions du chef de cet État? L’Assemblée nationale et le Sénat ont un pouvoir secondaire par rapport à celui de la Commission de Bruxelles.
De Gaulle pense l’Europe non pas comme une communauté de l’acier et du charbon, de la monnaie et des banques, des financiers et des marchands, de l’atome et du marché commun, mais comme une communauté de passé et de destin à même de peser en face de deux autres blocs de civilisation du moment: les États-Unis et l’Union soviétique.
Ce que l’Europe qu’il souhaite a et que ces deux blocs n’ont pas c’est un passé et une culture, disons-le en un mot: une civilisation. Les États-Unis ont un ou deux siècles d’existence, et, à l’époque, l’URSS, quatre ou cinq décennies seulement. L’Europe, elle, peut afficher au moins deux mille ans de cohérence judéo-chrétienne, dont mille ans de puissance. Une Europe supranationale détruirait ce qui a rendu possible son être et son existence grâce au génie des nations. […]
Depuis le triomphe de Maastricht en 1992, il n’y a plus de nation souveraine, plus de peuple souverain et plus d’État souverain : comment dès lors pourrait-il y avoir gaullisme ?
On connaît la fameuse formule: «Tout le monde a été, est ou sera gaulliste.» Elle a souvent été prêtée au général de Gaulle, y compris par des gaullistes historiques eux-mêmes, il n’aurait pas eu cette inélégance doublée de fatuité. Elle est en fait d’André Malraux qui, comme toujours, dit des choses d’autant plus contestables qu’elles paraissent géniales - ou d’autant plus géniales qu’elles paraissent contestables. C’est beau, mais c’est faux.
Car, tout le monde n’a pas été gaulliste quand le Général défendait une théorie moderne des blindés dans les années 1930, quand il lançait son appel le 18 juin 1940, quand il organisait la France libre, il a même été plutôt seul… Tout le monde n’est pas gaulliste quand il se retrouve au pouvoir pour reconstruire la France après la guerre en 1945, pour sauver la République dont sa gouvernance échappe aux politiciens de la IVe à la faveur de la guerre d’Algérie en 1958, quand il s’agit de passer à la Ve en 1959, quand il est question d’élire le président de la République au suffrage universel en 1962, quand il faut répondre aux événements de Mai 68 avec ce genre de révolution politique qu’est la théorie de la participation, puisque c’est même sur ce projet qu’il est massivement congédié par la droite libérale et toute la gauche. Et tout le monde ne sera pas gaulliste dans le futur car le gaullisme exige des forces et des formes, la Nation, le Peuple et l’État, qu’un demi-siècle de politique post-gaulliste, Pompidou compris, a contribué à détruire. Depuis le triomphe de Maastricht en 1992, il n’y a plus de nation souveraine, plus de peuple souverain et plus d’État souverain: comment dès lors pourrait-il y avoir gaullisme? Sauf à restaurer la Nation libre, le Peuple souverain et l’État autonome.
Il y eut un gaullisme de gauche et un gaullisme affairiste, un gaullisme de droite aussi, or ce fut sans de Gaulle pour lequel la grille de lecture n’était pas la droite ou la gauche, mais la France avec des gens et de droite et de gauche, et accessoirement de droite et de gauche. Car ce qui importait pour lui, c’était de porter haut l’idée de la France, peu importe que ses compagnons se disent par ailleurs de droite ou de gauche. […]
Parce qu’elle est une science prédictive qui dit la vérité, la démographie est criminalisée dans notre époque qui refuse et récuse l’Histoire pour ne plus se nourrir que de fables, de mythes et de légendes: la France ne serait ni gréco-latine ni judéo-chrétienne, elle commencerait à la Révolution française avec la Déclaration des droits de l’homme - mais pourquoi pas la Terreur de 1793? Elle aurait toujours été une terre d’immigration et ne serait constituée que de métissages et de mélanges! Or, un métissage entre pays et peuples judéo-chrétiens n’est pas de même nature culturelle, spirituelle, civilisationnelle qu’un métissage entre pays et peuples judéo-chrétiens et, par exemple, pays et peuples arabo-musulmans ou pays et peuples sino-confucéens parce que les religions, donc les civilisations, ne sont pas les mêmes.
Refuser le rôle fondateur des religions en matière de constitution des civilisations est aussi stupide que de refuser la rotondité de la Terre ou le cycle des saisons. C’est ce que dit de Gaulle quand il parle d’huile et d’eau. Si l’eau arabo-musulmane se trouve en plus grande quantité que l’huile judéo-chrétienne, la civilisation n’est plus la même. La baisse de la natalité judéo-chrétienne couplée à l’augmentation du taux de fécondité arabo-musulman entraîne à terme la disparition de la civilisation judéo-chrétienne: on peut le vouloir vivement, le désirer ardemment, le souhaiter de toutes ses forces, mais il ne sert à rien de nier que c’est le mouvement de l’Histoire qui s’esquisse ici.
De Gaulle n’est pas contre les Noirs et les Jaunes qu’il estimerait inférieurs aux Blancs, ce qui serait une thèse proprement raciste, raciale et racialiste, mais il est pour que la civilisation judéo-chrétienne dure et ne disparaisse pas, ce qui, de ce fait, s’avère une thèse civilisationnelle et culturelle. Il estime que la France peut accueillir quiconque l’aime et veut la servir mais pas ceux qui veulent la détruire et s’en servir. Il propose donc une politique souveraine qui permet à la France d’être et de durer afin qu’elle puisse continuer son aventure dans la civilisation judéo-chrétienne et à cette civilisation judéo-chrétienne de durer elle aussi dans le concert planétaire des autres civilisations. Il est pour le divers et la diversité, l’autonomie et l’indépendance, la souveraineté et la liberté, pour tous, ce qui suppose donc: pour la France également.
Parce qu'ils ont souscrit à des Traités européens dépouillant notre pays de sa pleine souveraineté (sans que nous disposions du même contre-feu que les allemands avec la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe garante rigoureuse du respect de la constitution) les gaullistes alimentaires et carriéristes (Chirac, Juppé, Toubon, de Villepin, Jean-Louis Debré, Barnier, Alliot-Marie etc, pour ne citer que les têtes de gondole) portent une écrasante responsabilité dans l'affaiblissement de notre pays, dont nous avons tous les jours l'affligeante démonstration; qu'on pense aux 60.000 lits hospitaliers supprimés en 20 ans, pour ne citer que cet exemple cruel !
RépondreSupprimerNon seulement leurs choix politiques ont été funestes, largement partagés avec une gauche acquise au fric et aux marchands, mais ils ont dévoyé l'héritage intellectuel et moral de de Gaulle.
Il est heureux que ce soit un philosophe qui reprenne le message gaulliste en s'adossant à ses principes essentiels : souveraineté du peuple, indépendance, régulation du système économique et financier, défense de nos sources, judéo-chrétiennes et républicaines.
Que ses initiatives aident à une large prise de conscience !