Claude Vigée
Jérusalem
(…) Sur cette terre aride où, dans le sel des larmes,
Ne descendit jamais une goutte de pluie,
Le reste de l’exil vient comme la rosée.
Après tant d’abandons, de misère et de ruines,
Ce pays est vivant par la grâce d’un peuple,
Où régnèrent mille ans déserts et pestilence,
Manières de cailloux, marécages mortels,
Et cirques décharnés dont le calcaire est nu
Comme les os blanchis sur le crâne édenté.
Quel monde célébrer, langue de notre perte ?
Quel triomphe vêtir de la pourpre des ruines ?
Haut dans le froid, le linge des nuages
Claque sur la maison dans l’orage d’hiver.
Vent de Jérusalem, tu cours dans la montagne
Comme le grondement du jour qui doit venir. (…)
Claude Vigée
in Le Soleil sous la mer
Flammarion, Paris, 1972
Claude Vigée
est né à Bischwiller en 1921. Après des études à Strasbourg, en 1938, il est évacué, puis expulsé d'Alsace avec tous les siens à la suite de l'occupation nazie. Etudiant en médecine, il participe à l'organisation de la résistance juive à Toulouse contre l'occupation hitlérienne et le gouvernement de Vichy, d'octobre 1940 à fin 1942. Il publie ses premiers vers dans la revue résistante Poésie 42, chez Pierre Seghers, à Villeneuve-lès-Avignon.
Il enseigne la littérature française aux Etats-Unis, où il se réfugie dès 1943, puis en Israël de 1960 à 1983.
Claude Vigée a reçu plusieurs prix littéraires français et étrangers :
le Prix international Jacob-Burckhardt (Suisse, 1977),
le Prix Fémina Vacaresco pour la Critique (1979),
le Prix Johann-Peter Habel (R.F.A. 1984),
le Grand prix de Poésie de la Société des Gens de Lettres de France (Paris 1987),
le Prix de la Fondation du Judaïsme français (1994),
le Grand prix de Poésie de l'Académie française (1996)
le Prix Würth pour la littérature européenne (2002)
le Prix Elisabeth Langasser (2003)

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