mardi 14 décembre 2021

Mermoz

 

Le 7 décembre 1936, le génie de l'aviation Jean Mermoz disparaît dans l'Atlantique.

 Les recherches sont lancées mais les espoirs de le retrouver sont minces.


 
L'aviateur Jean Mermoz (1901 - 1936). Tallandier / Bridgeman images
 


Toute l'aviation veut espérer encore 

La journée d'hier s'est écoulée sans qu'on ait pu trouver la moindre trace de l'hydravion Croix-du-Sud, disparu lundi matin alors qu'il survolait l'Atlantique Sud.

Les recherches ont été multipliées. Succédant au quadrimoteur Ville-de Mendoza, l'hydravion Ville-de-Santiaqo, ayant à son bord Guerrero et Dekunay, a fouillé la partie de l'Océan où, pense-t-on, la Croix-du-Sud a pu amerrir. Vaines recherches. Deux paquebots: le Formose et le Crigton, qui s'étaient détournés de leur route, ont repris leur chemin. Cinq navires restent sur les lieux et poursuivent les investigations. L'angoisse qui n'a cessé de grandir se transforme maintenant en une affreuse certitude et en une émotion qui gagnent, non seulement les milieux de l'aéronautique durement frappés une fois encore, mais aussi la France entière, qui connaissait bien la silhouette athlétique de Mermoz, son visage énergique et souriant à la fois, sa grande œuvre, l'immense amour pour son métier.

Tous ceux qui ont approché Mermoz se refusent à accepter l'idée de sa disparition. Ils ne veulent pas raisonner, et malgré l'évidence ils espèrent toujours qu'on va le retrouver. D'heure en heure cependant, s'ils se défendent encore contre le découragement, s'ils luttent contre l'irréparable, une véritable émotion les étreint.

«Je crois au miracle», nous dit Paul Codos. 

Nous avons vu hier Paul Codos, chef pilote d'Air France, un grand pilote, un grand ami de Mermoz.

Il nous reçoit dans son bureau, ce bureau qu'il devait partager avec le champion disparu.

- J'ai confiance encore,  dit Codos, je me refuse à croire qu'il n'est plus. Contre toute logique, je crois au miracle.

J'attends, Codos parle la tête dans ses mains, douloureusement accablé.

On devait être ici ensemble, nous dit-il encore en nous montrant ce bureau qui leur était réservé. Mais, vaincu par la peine, Codos ne peut aller plus loin. Les paroles s'arrêtent dans sa gorge, il est étranglé par l'émotion, les larmes noient ses yeux.

Cet homme au cœur bien trempé, qui a tenté et réussi les plus belles performances, qui a vaincu l'Atlantique Nord dans les deux sens, ce recordman du monde, ce lutteur lui aussi, est vaincu, malgré tout, par cette immense peine. Il se refuse à raisonner. Il veut croire toujours, il accepte même le miracle, mais il ne peut cacher son affreuse tristesse (...).

Il se domine toutefois, sa voix est empreinte d'une colère contenue. Les meilleurs d'entre nous disparaissent, nous dit-il, les plus forts, les plus habiles sont fauchés ainsi.

Par André Reichel

 

 

 

 

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