Le relais
En voyage, on s'arrête, on descend de voiture ;
Puis entre deux maisons on passe à l'aventure,
Des chevaux, de la route et des fouets étourdi,
L'oeil fatigué de voir et le corps engourdi.
Et voici tout à coup, silencieuse et verte,
Une vallée humide et de lilas couverte,
Un ruisseau qui murmure entre les peupliers, -
Et la route et le bruit sont bien vite oubliés !
On se couche dans l'herbe et l'on s'écoute vivre,
De l'odeur du foin vert à loisir on s'enivre,
Et sans penser à rien on regarde les cieux...
Hélas ! une voix crie : "En voiture, messieurs !"
Gérard de NERVAL
in Odeletttes
1832-1839
La plupart des poèmes des Odelettes ont été composés dans les années 1830, du temps de la jeunesse de Nerval, mais n'ont été réunis qu'en 1853 formant, avec quelques récits en prose, un livre intitulé Les Petits Châteaux de Bohême.
On ne trouve pas dans les Odelettes le mystère caractéristique des Chimères. Pourtant, plusieurs poèmes, notamment Fantaisie et les Cydalises évoquent, tout comme Delfica et El Desdichado, un monde perdu dont l'absence provoque chez le poète une identique mélancolie.
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