mercredi 5 décembre 2018

D'Ormesson. "Monsieur"








"Monsieur", un film sur l'écrivain Jean d'Ormesson qui sortira mercredi, un an exactement après sa mort, le montre dans ses dernières années, noueux et énergique, nostalgique et reconnaissant pour les plaisirs, et pourtant pas si apaisé que cela.


Comme le laissent transparaître plusieurs proches dans le film, il était sans doute plus grave qu'il ne voulait le paraître. Et le devoir était dans sa vie plus important qu'il ne le reconnaissait. "J'ai été divisé entre le devoir et le plaisir", admet-il.
Derrière ses yeux pétillants se cache une réalité plus sombre : la vie qui s'écourte et l'impuissance d'un homme qui aime trop la vie face à sa propre finitude.  
                

On est frappé par des gros plans sur ses mains de vieillard, anguleuses, aux veines apparentes, torturées. Son visage aussi, rugueux, raviné.


Un entretien avec Emmanuel Macron, quand ce dernier était encore ministre, les fait discuter de leurs projets et du clivage gauche-droite qu'ils récusent chacun à leur manière. "Je n'ai jamais aimé les salles faciles", lâche celui qui, devenu président, va faire face à de nombreuses frondes.
Il y a aussi deux moments d'émotion, avec des larmes: lors des obsèques en 2017 de Michel Déon à Saint-Germain-des-Près, où il dit que la mort n'est pas une fin, et lorsqu'il évoque une lettre de son père, très admiré, qui refuse un cadeau d'un ami allemand très aimé, parce que c'est en pleine Occupation, et qu'il ne l'acceptera que quand la guerre sera finie. Dans sa famille aristocratique, dit-il, "on a choisi plutôt Staline qu'Hitler".


Un florilège de phrases typiques de l'écrivain prolixe jalonne (jalonnent?) le film: "Il a fallu que je me libère de la tendresse de mes parents"; "A vingt ans, je ne baisais pas mais je travaillais"; "L'amour est trompé, fugitif ou coupable", "L'ascèse en général m'est assez étrangère" (il fond en rire), "J'ai passé à tort pour l'écrivain du bonheur", ou encore : "Je n'ai pas peur. J'ai peur de Dieu peut-être, et c'est tout".


"Monsieur", un film sur l'écrivain Jean d'Ormesson qui sort ce 5 décembre, un an exactement après sa mort, et le montre dans ses dernières années, noueux et énergique, nostalgique et reconnaissant pour les plaisirs, et pourtant pas si apaisé que cela...

L'affiche du film





2 commentaires:

  1. (hors propos ? Vu cette semaine Aga de Milko Lazarov , très esthétique dans le rapport à la mort, votre article et D'Ormesson m'y font repenser)

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  2. gaulois réfractaire5 décembre 2018 à 21:33

    Jean d'O nous a quitté.
    Triste.
    Mais une grande partie du peuple français bande encore.
    Excellente nouvelle.
    La meilleure depuis lurette, depuis belle, belle lurette.

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