Joseph Joffo, auteur du célèbre roman autobiographique Un sac de billes, est décédé à l’âge de 87 ans, a annoncé sa famille, jeudi 6 décembre.
L’écrivain, originaire de Paris, était malade depuis quelques années. Il est décédé à Saint-Laurent-du-Var (Alpes-Maritimes), où il était hospitalisé, a précisé à l’AFP Franck Joffo, l’un de ses fils.
Un sac de billes, écrit en 1973 avec Claude Klotz et publié chez Jean-Claude Lattès, raconte comment à 10 ans, enfant juif de Paris, il a fui les nazis avec son frère Maurice sous la France occupée par l’armée allemande pendant la seconde guerre mondiale.
Long périple jusqu’à Nice
Né à Paris le 2 avril 1931 d’un père coiffeur et d’une mère violoniste, immigrés russes qui s’étaient installés dans le quartier de Montmartre, son enfance s’écoule heureuse jusqu’à l’Occupation, où elle bascule dans le drame.
Comme il l’avait raconté avec beaucoup de pudeur et de tendresse dans son célèbre roman, il doit fuir Paris en 1942 avec son frère plus âgé pour se réfugier en zone libre, alors que la nasse se renferme petit à petit sur les juifs de la France occupée.
Démarre alors un long périple jusqu’à Menton puis Nice où leurs parents les rejoignent. Mais la trêve n’est que de courte durée. En 1943, les Allemands envahissent la zone et les Joffo s’enfuient de nouveau.
Maurice et lui sont arrêtés par la Gestapo, à l’hôtel Excelsior. Sommés de prouver qu’ils ne sont pas juifs, ils n’échappent à une probable déportation que grâce à un prêtre qui leur fournit des certificats de baptême. Suivront d’autres épreuves où leur débrouillardise leur permettra de survivre, jusqu’à la Libération. Leur père n’a pas cette chance : arrêté également, il est déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra jamais.
Joseph avait respecté la tradition familiale en reprenant le salon de coiffure de son père. Avec un talent reconnu : avec ses frères, il en ouvrira une douzaine dans la capitale. « J’étais le meilleur coiffeur de Paris. Tout le monde venait chez moi, de Delon à Belmondo… Je me souviens un jour de cette formidable brochette : Pierre-Christian Taittinger, François Mitterrand, Jacques Chirac et Bernadette… Je regrette de ne pas avoir fait la photo », avait-il raconté l’an dernier au Parisien.
Sensibiliser les jeunes aux dangers de l’antisémitisme
C’est près d’une vingtaine d’années après les faits, qu’il rédige Un sac de billes sur un cahier d’écolier. Il est refusé par une quinzaine de maisons d’édition, avant que Jean-Claude Lattès ne le lance, en publiant le livre en 1973, écrit avec l’aide de Claude Klotz (Patrick Cauvin).
« Quand j’ai écrit ce livre, c’était juste pour raconter ma vie à mes enfants et mes petits-enfants. Cela m’a permis d’exorciser ces années », avait-il expliqué au Parisien.
Le livre fut un incroyable succès de librairie. Traduit en dix-huit langues, il a été vendu à près de vingt millions d’exemplaires dans une vingtaine de pays et a été adapté à de nombreuses reprises, notamment au cinéma (en 1973 par Jacques Doillon, puis l’an dernier par Christian Duguay).
Un sac de billes a aussi été étudié à l’école par des générations de jeunes Français. Joseph Joffo avait lui-même donné de nombreuses conférences dans des établissements scolaires, pour sensibiliser les jeunes aux dangers de l’antisémitisme et du racisme.
D’autres romans témoignages ont suivi, comme Anna et son orchestre (1975) où il relate la jeunesse de sa mère, Baby-foot (1977), la suite d’Un sac de billes, ou encore La Jeune fille au pair (1984) qui retrace l’arrivée d’une jeune fille au pair allemande juste après la guerre dans une famille juive. Son dernier roman, Le Partage, était paru en 2005.
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