mardi 8 janvier 2019

Voltaire. Polissonnerie






 - Ah ! Qu’en termes galants ces choses-là sont mises ! 
Philinte. Acte premier, scène II -  In Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux, comédie de Molière - 1666 -
Cette réplique de Philinte illustre à dessein – et sans dessins - ce poème de Voltaire, donné ici pour sourire.




Polissonnerie

Je cherche un petit bois touffu,
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre, s’il n’est pas tondu
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois, on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.



- Allez, monsieur, porter vos pleurs

Sur un autre rivage ;

Vous pourriez bien gâter les fleurs

De mon joli bocage ;

Car, si vous pleuriez tout de bon,

Des pleurs comme les vôtres

Pourraient, dans une autre saison,

M’en faire verser d’autres.



- Quoi ! vous craignez l’évènement
De l’amoureux mystère ;
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère ;
L’amant, modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser la gazon
Sans imbiber la terre.




- Je voudrais bien, mon cher amant,

Hasarder pour vous plaire ;

Mais dans ce fortuné moment

On ne se connait guère.

L’amour maîtrisant vos désirs,

Vous ne seriez plus maître

De retrancher de nos plaisirs

Ce qui vous donna l’être.

Voltaire



1 commentaire:

  1. Où l'on vérifie, avec bonheur, que le sieur François-Marie, désapprouverait la folle furie épilatoire qui sévit en nos contrées !
    Et qu'il prônerait, en matière érotique, un authentique et salutaire développement durable : touche pas à mon bocage !

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