vendredi 8 mars 2019

Verlaine. Hugo. Célébration de la femme













FEMME (se prononce fame) nom féminin
xe siècle. Issu du latin femina, « femme, femelle ».
1. Être humain défini par ses caractères sexuels, qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants. Ce n’est plus une enfant, c’est une femme, elle est nubile. La voilà bientôt femme. Devenir femme. Femme enceinte. Femme stérile. Dans les sociétés occidentales, la longévité des femmes est en moyenne supérieure à celle des hommes.
▪ Qualifié par son aspect, son apparence, son comportement, etc. Une jolie femme, une belle femme. Une jeune femme. Une femme mûre. Une femme charmante, élégante, coquette. Une femme fatale, voir Fatal. Une femme légère, facile. Une maîtresse femme, une femme de tête, habile, ferme et qui sait se faire obéir. Une femme libre, une femme libérée.
▪ Caractérisé par son état, sa profession, etc. Une femme célibataire, mariée, veuve, divorcée. Une femme entretenue. Une femme de mauvaise vie. Une femme du monde. Une femme du peuple, de la campagne. Une femme au foyer. Une femme de lettres. Une femme d’affaires. Une femme chef d’entreprise. Une femme professeur. En apposition, quand il n’existe pas de forme féminine usuelle désignant l’état, la profession. Un professeur femme. Spécialement. Femme de charge, qui est attachée au service d’une maison et possède une certaine autorité sur la tenue et l’économie intérieure de celle-ci. Femme de chambre, domestique attachée au service personnel de quelqu’un, ou, dans un hôtel, employée chargée du service des chambres. Femme de ménage, personne rémunérée pour faire le ménage chez un particulier, dans des bureaux, etc. Femme de service, dans une école, un hôpital, une mairie, etc., personne chargée des travaux de nettoyage.
▪ ÉCRITURE SAINTE. Les Saintes Femmes, celles qui suivirent Jésus durant sa vie publique et qui, s’étant rendues à son tombeau le matin de Pâques, portèrent aux apôtres la nouvelle de la Résurrection.
▪ Loc. fam. Bonne femme, désignation familière et parfois péjorative des femmes. Une petite bonne femme. Une vieille bonne femme. Contes, remèdes de bonne femme, contes, remèdes traditionnels et populaires, transmis par la mémoire des femmes.
▪ Expr. Faire la cour à une femme. Demander une femme en mariage. Fam. Courir après une femme, la poursuivre de ses assiduités. Courir les femmes. Un homme à femmes, qui multiplie les conquêtes féminines.
▪ Expr. proverbiale. Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie, distique prêté à François Ier par Victor Hugo dans Le roi s’amuse. Prov. Ce que femme veut, Dieu le veut, les femmes finissent toujours par obtenir ce qu’elles désirent.
 Titres célèbres : Les Femmes savantes, de Molière (1672) ; La Femme de trente ans, de Balzac (1831-1834) ; La Femme, de Michelet (1859).

2. Épouse. Prendre femme, se marier. Acceptez-vous d’être ma femme ? C’est sa seconde femme. Une femme fidèle, infidèle. Une femme adultère.

Titre célèbre : La Femme du boulanger, pièce de Jean Giono (1938), adaptée au cinéma par Marcel Pagnol (1939).



                                                   *  *  *


Beauté des femmes

Beauté des femmes, leur faiblesse, et ces mains pâles 
Qui font souvent le bien et peuvent tout le mal, 
Et ces yeux, où plus rien ne reste d'animal 
Que juste assez pour dire : " assez " aux fureurs mâles.

Et toujours, maternelle endormeuse des râles, 
Même quand elle ment, cette voix ! Matinal 
Appel, ou chant bien doux à vêpre, ou frais signal, 
Ou beau sanglot qui va mourir au pli des châles !...

Hommes durs ! Vie atroce et laide d'ici-bas ! 
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats, 
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,

Quelque chose du coeur enfantin et subtil, 
Bonté, respect ! Car, qu'est-ce qui nous accompagne 
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?

Paul Verlaine
In Sagesse, 1881


*  *  *




À une jeune femme



Voyez-vous, un parfum éveille la pensée. 
Repliez, belle enfant par l'aube caressée, 
Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon, 
Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon, 
Et puis écoutez-moi. – Dieu fait l'odeur des roses 
Comme il fait un abîme, avec autant de choses. 
Celui-ci, qui se meurt sur votre sein charmant, 
N'aurait pas ce parfum qui monte doucement 
Comme un encens divin vers votre beauté pure, 
Si sa tige, parmi l'eau, l'air et la verdure, 
Dans la création prenant sa part de tout, 
N'avait profondément plongé par quelque bout, 
Pauvre et fragile fleur pour tous les vents béante, 
Au sein mystérieux de la terre géante. 
Là, par un lent travail que Dieu lui seul connaît, 
Fraîcheur du flot qui court, blancheur du jour qui naît, 
Souffle de ce qui coule, ou végète, ou se traîne, 
L'esprit de ce qui vit dans la nuit souterraine, 
Fumée, onde, vapeur, de loin comme de près, 
– Non sans faire avec tout des échanges secrets, – 
Elle a dérobé tout, son calme à l'antre sombre, 
Au diamant sa flamme, à la forêt son ombre, 
Et peut-être, qui sait ? sur l'aile du matin 
Quelque ineffable haleine à l'océan lointain ! 
Et vivant alambic que Dieu lui-même forme, 
Où filtre et se répand la terre, vase énorme, 
Avec les bois, les champs, les nuages, les eaux, 
Et l'air tout pénétré des chansons des oiseaux, 
La racine, humble, obscure, au travail résignée, 
Pour la superbe fleur par le soleil baignée, 
A, sans en rien garder, fait ce parfum si doux, 
Qui vient si mollement de la nature à vous, 
Qui vous charme, et se mêle à votre esprit, madame, 
Car l'âme d'une fleur parle au cœur d'une femme.

Encore un mot, et puis je vous laisse rêver. 

Pour qu'atteignant au but où tout doit s'élever, 
Chaque chose ici-bas prenne un attrait suprême, 
Pour que la fleur embaume et pour que la vierge aime, 
Pour que, puisant la vie au grand centre commun, 
La corolle ait une âme et la femme un parfum, 
Sous le soleil qui luit, sous l'amour qui fascine, 
Il faut, fleur de beauté, tenir par la racine, 
L'une au monde idéal, l'autre au monde réel, 
Les roses à la terre et les femmes au ciel.


                                                                                     Le 16 mai 1837


Victor Hugo 
In Les rayons et les ombres 






La Naissance de Vénus, 1485, 
Galerie des Offices, Florence





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