vendredi 20 septembre 2019

Nerval. Aurélia







Dans Aurélia, Gérard de Nerval retrace avec une admirable lucidité ses troubles mentaux et l'itinéraire spirituel qu'ils représentent. On remarque en particulier la soudaine transfiguration du réel, le tragique désarroi qui envahit l'âme du poète, son émouvante sollicitude pour tous les êtres, ce don de pitié et de sympathie par lequel il ressent la souffrance universelle et enfin son inquiétude mystique et son désir pathétique de fixer contre les retours menaçants de l'angoisse, la paix que lui a apportée une vision bénéfique.


"Une dame que j'avais aimée longtemps et que j'appellerai du nom d'Aurélia, était perdue pour moi. Peu importent les circonstances de cet événement qui devait avoir une si grande influence sur ma vie. Chacun peut chercher dans ses souvenirs l'émotion la plus navrante, le coup le plus terrible frappé sur l'âme par le destin ; il faut alors se résoudre à mourir ou à vivre : - je dirai plus tard pourquoi je n'ai pas choisi la mort. " 


A la différence de son narrateur, Nerval choisit la mort un jour de janvier 1855, laissant Aurélia inachevé. Le récit, qui ne dissocie pas le rêve et la vie mais au contraire les réunit - c'est son sous-titre -, affirme la quête de l'unité perdue par un Je qui raconte et commente tour à tour l'expérience qu'il entend dépasser dans une harmonie retrouvée.


Le mystère de Nerval réside au fond des yeux d’Aurélia. C’est la clef, et cette vérité implicite, que nul ne saurait contredire, traverse uniment près d’un siècle et demi de littérature biographique consacrée à celui que Théophile Gautier, son ami, définira ainsi :" Comme les hirondelles quand on laisse une fenêtre ouverte, il entrait, faisait deux ou trois tours, trouvait tout bien et tout charmant, et s’envolait pour continuer son rêve dans la vie. »







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