Je me perpétuerais
Je me perpétuerais et toi, tel un goéland, tu me couperais de ton aile... Comme je t'appartiens!
Tu as le sens des mouvements qui me grisent, et la diction d'un fanal. Mes flots se teintent.
Tu renverses l'azur en moi. Tu jalonnes mon ventre d'ifs tout allumés. C'est la fête. Je deviens poreuse. Tu m'échevelles. je t'accompagne. Nous descendons au ralenti un escalier de pourpre, je me voile dans l'écume, le vent se lève, tu t'effaces devant les portes, où suis-je?
Mais tu ne réponds pas, tu m'inspires des flambeaux de passage, tu déplies soigneusement la volupté, tu détournes ma soif, tu me prolonges, tu me chrysalides et je suis de nouveau élue. Alors je danse, je danse, je danse ! comme une flamme debout sur la mer ! les paupières fermées. Ta patience fait mon bonheur. Je suis nue, j'en ai conscience et je te remercie parce que la fin de la folie est imprévisible. Tu échafaudes des merveilles. Tu me crucifies à toi. Le plaisir est doucement douloureux. Je suis bien.
Laisse-moi te dire : j'ai besoin de me sentir voyagée comme une femme. Depuis des jours et des nuits, tu me révèles. Depuis des nuits et des jours, je me préparais à la noce parfaite. Je suis libre avec ton corps. Je t'aime au fil de mes ongles, je te dessine. Le coeur te lave. Je t'endimanche. Je te filtre dans mes lèvres. Tu te ramasses entre mes membres. Je m'évase. Je te déchaîne.
Henri Pichette
In Les Epiphanies
Georges Mathieu
Seuil ultime
Georges Mathieu est né en 1921 à Boulogne-sur-mer. Il n’a fait aucune école d’art avant de se lancer dans la peinture, dans la plus grande solitude. Très vite, il rencontre dans le Paris d’après-guerre, Wols, Atlan, Hartung et s’affirme comme l’acteur et l’instigateur de l’abstraction lyrique. Peintre et penseur, homme de grande culture, Mathieu a la conviction très tôt de faire un art total qui fait table rase de la beauté platonicienne. Il opère une révolution sémantique : le signe précède le sens, l’image plastique précède l’idée.
" JE TE SURVIVRAI "
RépondreSupprimerPOEME DE JEAN-PIERRE FRANCOIS
Dans des miroirs chinois
Dans le bleu des photos
Dans le regard d'un chat
Dans les ailes d'un oiseau
Dans la force d'un arbre
Dans la couleur de l'eau
Je te survivrai
Dans l'hiver et le vent
Dans le froid des maisons
Dans les sables mouvants
Où j'écrirai ton nom
Dans la fièvre et le sang
Dans les murs des prisons
Je te survivrai
Je te survivrai d'un amour vivant
Je te survivrai dans des yeux d'enfants
Je te survivrai comme un revenant
Je te survivrai
Je te survivrai et tu m'entendras
Je te survivrai quelque part en toi
Je te survivrai au-delà de moi
Je te survivrai
Dans les bruits de la ville
Dans les aéroports
Dans les jours difficiles
Où je t'aimerai encore
Dans les nuits anonymes
Où je perdrai mon corps
Je te survivrai
*****
N'est-ce pas là un texte de Barbelivien ?
Supprimer;-) pour ce que ça change.
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