dimanche 13 octobre 2019

Henri Pichette. Je me perpétuerais






Je me perpétuerais


Je me perpétuerais et toi, tel un goéland, tu me couperais de ton aile... Comme je t'appartiens!
Tu as le sens des mouvements qui me grisent, et la diction d'un fanal. Mes flots se teintent.
Tu renverses l'azur en moi. Tu jalonnes mon ventre d'ifs tout allumés. C'est la fête. Je deviens poreuse. Tu m'échevelles. je t'accompagne. Nous descendons au ralenti un escalier de pourpre, je me voile dans l'écume, le vent se lève, tu t'effaces devant les portes, où suis-je?

Mais tu ne réponds pas, tu m'inspires des flambeaux de passage, tu déplies soigneusement la volupté, tu détournes ma soif, tu me prolonges, tu me chrysalides et je suis de nouveau élue. Alors je danse, je danse, je danse ! comme une flamme debout sur la mer ! les paupières fermées. Ta patience fait mon bonheur. Je suis nue, j'en ai conscience et je te remercie parce que la fin de la folie est imprévisible. Tu échafaudes des merveilles. Tu me crucifies à toi. Le plaisir est doucement douloureux. Je suis bien.

Laisse-moi te dire : j'ai besoin de me sentir voyagée comme une femme. Depuis des jours et des nuits, tu me révèles. Depuis des nuits et des jours, je me préparais à la noce parfaite. Je suis libre avec ton corps. Je t'aime au fil de mes ongles, je te dessine. Le coeur te lave. Je t'endimanche. Je te filtre dans mes lèvres. Tu te ramasses entre mes membres. Je m'évase. Je te déchaîne.



Henri Pichette
In Les Epiphanies






Georges Mathieu
Seuil ultime


Georges Mathieu est né en 1921 à Boulogne-sur-mer. Il n’a fait aucune école d’art avant de se lancer dans la peinture, dans la plus grande solitude. Très vite, il rencontre dans le Paris d’après-guerre, Wols, Atlan, Hartung et s’affirme comme l’acteur et l’instigateur de l’abstraction lyrique. Peintre et penseur, homme de grande culture, Mathieu a la conviction très tôt de faire un art total qui fait table rase de la beauté platonicienne. Il opère une révolution sémantique : le signe précède le sens, l’image plastique précède l’idée.




3 commentaires:

  1. " JE TE SURVIVRAI "
    POEME DE JEAN-PIERRE FRANCOIS

    Dans des miroirs chinois
    Dans le bleu des photos
    Dans le regard d'un chat
    Dans les ailes d'un oiseau
    Dans la force d'un arbre
    Dans la couleur de l'eau
    Je te survivrai
    Dans l'hiver et le vent
    Dans le froid des maisons
    Dans les sables mouvants
    Où j'écrirai ton nom
    Dans la fièvre et le sang
    Dans les murs des prisons
    Je te survivrai
    Je te survivrai d'un amour vivant
    Je te survivrai dans des yeux d'enfants
    Je te survivrai comme un revenant
    Je te survivrai
    Je te survivrai et tu m'entendras
    Je te survivrai quelque part en toi
    Je te survivrai au-delà de moi
    Je te survivrai
    Dans les bruits de la ville
    Dans les aéroports
    Dans les jours difficiles
    Où je t'aimerai encore
    Dans les nuits anonymes
    Où je perdrai mon corps
    Je te survivrai

    *****

    RépondreSupprimer
  2. ;-) pour ce que ça change.

    RépondreSupprimer

Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.