Lorsque j'erre, songeur, au-delà du faubourg,
Au cimetière urbain je passe faire un tour :
Les grilles des enclos, colonnettes et dalles
Qui abritent les morts de notre capitale
Pourrissant l'un sur l'autre au milieu des marais,
Hôtes gloutons et froids d'un trop maigre banquet ;
Mausolées commerçants, monuments fonctionnaires,
Fantaisies à trois sous d'un sculpteur de misère,
Avec leurs inscriptions en prose ou mal rimées
Sur le rang et le cœur d'un mari bien-aimé ;
Larmes enamourées sur la mort d'un jocrisse,
Urnes de plâtre gris que le malfrat dévisse,
Et ces tombeaux glissants qui attendent encor,
Bâillant jusqu'au matin, qu'on leur offre leur corps, -
Et tout cela me navre et tout cela m'oppresse
Et me remplit le cœur d'une affreuse tristesse -
Au diable ! fuir et fuir ! ...
Alexandre Pouchkine
Lorsque j'erre, songeur, au-delà du faubourg
In Le Soleil d'Alexandre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci d'utiliser cet espace pour publier vos appréciations.