mardi 6 octobre 2020

Pouchkine. Le Soleil d'Alexandre...

 





Lorsque j'erre, songeur, au-delà du faubourg,
Au cimetière urbain je passe faire un tour : 
Les grilles des enclos, colonnettes et dalles
Qui abritent les morts de notre capitale
Pourrissant l'un sur l'autre au milieu des marais, 
Hôtes gloutons et froids d'un trop maigre banquet ;
Mausolées commerçants, monuments fonctionnaires,
Fantaisies à trois sous d'un sculpteur de misère,
Avec leurs inscriptions en prose ou mal rimées
Sur le rang et le
 
cœur d'un mari bien-aimé ; 
Larmes enamourées sur la mort d'un jocrisse,
Urnes de plâtre gris que le malfrat dévisse,
Et ces tombeaux glissants qui attendent encor,
Bâillant jusqu'au matin, qu'on leur offre leur corps, - 
Et tout cela me navre et tout cela m'oppresse
Et me remplit le 
cœur d'une affreuse tristesse - 
Au diable ! fuir et fuir ! ...
 




Alexandre Pouchkine

Lorsque j'erre, songeur, au-delà du faubourg

In Le Soleil d'Alexandre








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