Le dimanche il n'y a pas photo, si ce ne sont quelques chiens (en général des labradors) ,
puis des femmes (en général élégantes et dénudées)*,
puis des femmes (en général élégantes et dénudées)*,
* - aujourd'hui encore, plutôt habillées - puis quelques hommes (uniquement élégants) ,
puis les G.A.M.B.
*
La barbe !
Étrange phénomène, à mesure que les femmes s’épilent intégralement le bas du corps, les hommes se laissent pousser la barbe. Le sexe lisse et le visage broussailleux. Le triangle vierge et la tête brouillonne. Combi en latex et Papa Noël. Porno et Victor Hugo. Deux signes de l’infantilisation galopante d’une société n’aspirant qu’à la transparence et au clonage humain, c’est-à-dire à l’embrigadement ?
Le glabre sera bientôt une espèce à protéger comme jadis le peau-rouge. Il fait figure de totem de l’ancien monde quand les garçons, par respect et hygiène, prenaient le temps de soigner leur apparence au lever du jour. Dans cette barbe souvent disparate, timide et anarchique, il y a une volonté de dissimuler, de cacher ses traits, d’annihiler sa personnalité sous le coup d’une mode ridicule. Le barbichon pense se distinguer dans la foule alors qu’il adopte le même masque vulgaire de la modernité anonyme. Il suit le troupeau par manque de caractère et fainéantise. Il coupe la chaîne qui le relayait à son père et à son grand-père, avec ces gestes quotidiens, inlassablement répétés, de la mousse et du rasoir, du blaireau et du lavabo. Il croit incarner sa virilité dans le poil dru, il indique seulement sa soumission au système. Car le jeune homme qui a décidé de tenter l’expérience de la barbe comme celle du tatouage ou du véganisme, a perdu l’estime de soi. Se regarde-t-il vraiment dans la glace, chaque matin ? A-t-il conscience de cette farce ? Il porte sur le visage les stigmates d’une époque normée, atrocement directive, où les identités sont outrageusement niées. On lui a imposé la barbe sans même qu’il s’en rende compte. Il a applaudi. Il pouvait enfin exprimer toute sa créativité artistique par cet habile subterfuge. Il était libre, fier de lui, regardez-le parader avec tous ses camarades barbus à la télé, dans les pubs ou à la machine à café. L’internationale du poil a gagné la bataille idéologique, quelle sera la prochaine étape ? L’uniforme
Avec sa barbe, l’adulte en construction montre son absence de fermeté, d’ossature mentale, d’allure et de savoir-vivre. Le barbu 2.0 bande mou et pense flou. Il accepte de dévoiler son intimité sur les réseaux sociaux et il se grime d’une barbe incohérente qui l’enlaidit dans 95 % des cas. A-t-il peur, à ce point, de son propre visage ? Pourquoi n’a-t-il pas encore accepté sa gueule ? On sent poindre chez lui un désordre psychologique abyssal. N’est pas Philippe Noiret, Peter Ustinov, Gianfranco Ferre ou Bernard-Pierre Donnadieu qui veut. La barbe élégante, raffinée, entre décontraction italienne et rigueur britannique, n’est pas donnée à tout le monde. Dans la caste des barbichons satisfaits d’eux, la palme revient aux quadras limite quinquas qui veulent continuer à faire jeune et dynamique comme dans un clip des années 80. Ils ne roulent plus en 205 GTI et n’enfilent plus de vestes « bleu pétrole » à la Miami Vice, ils ont la barbe en étendard. Comme s’ils avaient concentré toute leur intelligence dans le poil. La barbe ne suffira pas à faire de vous des hommes charmeurs, spirituels et attirants. Au contraire, elle gommera vos particularités.
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Indécrottable hétéro (fier de l'être, et qui entend le rester, comme Fécamp, "port de mer qui entend le rester !) je confesse être plus consterné par les pubis épilés que par les joues embroussaillées de nos pseudo-mecs.
RépondreSupprimerCourbet eût-il peint "l'Origine du Monde" rasée, sans mystère, sans magie, sans secret ?
Mais je vous l'accorde : depuis quelques jours, les pilosités du premier ministre et celle de son ministre-ex-joueur-de-poker Castaner commencent bougrement à me barber !